Les lycéens sur Parcoursup 2021 : affectations, incompréhensions et déceptions
Depuis le 27 mai dernier, et jusqu'au 16 juillet, les lycéens attendent leurs résultats Parcoursup. Beaucoup d'entre eux sont décontenancés, bien souvent à raison.
Pour rappel, Parcoursup a été lancée en 2018 pour pallier les manquements de la précédente plateforme d'affectation, APB. Cette dernière a été souvent critiquée car elle départageait trop d'étudiants de façon aléatoire. Aussi, Parcoursup a été pensée de sorte que son algortihme soit mieux normé, en prenant en compte plus de paramètres différents.
Comment ça fonctionne ?
Parcoursup agit en tant qu'intermédiaire. D'un côté il y a le profil des étudiants, qui se compose des critères scolaires (notes, appréciations, engagements, etc) ainsi que de leur dossier personnel (CV, lettre de motivation, écrits complémentaires, etc). De l'autre, les établissements sont chargés d'indiquer à Parcoursup ce sur quoi l'algorithme doit se concentrer pour choisir leurs futurs étudiants. Une fois que la base de donnée est inscrite d'un côté comme de l'autre, c'est l'algorithme qui prend la main. Il sélectionne les profils des élèves et les envoie aux établissements, qui eux sont chargés de les étudier en détails.
Pour chacun des voeux que l'élève a formulé, trois possibilités de réponse de la part de l'établissement : Accepté, Refusé, En Attente. Une fois accepté, l'étudiant doit à son tour faire un choix entre : Oui, Non, ou Oui-si, cette dernière signifiant que l'on met de côté une formation en attendant la réponse d'une autre.
Simple, et efficace ?
Sur le papier, le système paraît simple. L'est-il trop ? Beaucoup racontent que c'est à n'y rien comprendre. Ce qui est le plus perturbant, et ce depuis le premier lancement de la plateforme, c'est la "logique" du système. Certains élèves, considérés comme "très bon" au regard de leurs résultats, sont refusés partout. À l'inverse, des élèves moins bons s'étonnent de se voir acceptés en classe préparatoire dès le 27 mai, sans attente. Tous les lycéens de France sont mis dans le même bâteau, qu'ils sortent de Blomet ou du fin fond de l'Ardèche, et subissent tous les coups de l'algorithme.
De mémoire de professeurs et de professeurs principaux, nous n'avons jamais connu une telle situation sur #Parcoursup. Le chaos habituel est décuplé, les classements incohérents, révélant des situations scandaleuses. Certaines filières s'enfoncent dans un recrutement fermé.
— Thibaut Poirot (@ThPoirot) May 28, 2021
Puisqu'il n'y a plus de classements entre les voeux, l'objectif semble être de caser tout le monde quelque part, sans vraiment se soucier de la justesse du mécanisme. De fait, les établissements se retrouvent tout aussi perdus que les étudiants, puisque les profils qu'ils reçoivent ne correspondent pas toujours à ce qu'ils veulent. Donc, quand bien même les établissements sélectifs prendraient le temps d'étudier de façon approfondie les dossiers, le système resterait défaillant. Certains internautes pensent que le système est conçu pour contrôler l'affectation des futurs étudiants, et sont révoltés à ce sujet :
Je lis ici ou là "Parcoursup ne fonctionne pas, Parcoursup fonctionne mal." Vous en êtes toujours là après 20 ans de néolibéralisme ?
— Renaud Tarlet (@RenaudTarlet) May 31, 2021
Parcoursup fonctionne très bien, le but de ce machin est de priver les enfants des classes populaires de la possibilité de choisir leurs études
Témoignages de lycéens
Certains lycéens nous disent que "le principe est pas mal" et que l'application "est bien faite" en termes d'ergonomie et d'utilisation. En revanche, d'autres se montrent plus critiques, notamment sur les résultats :
Pour moi, Parcoursup c'est un peu la déception pour l'instant. Peut-être que je m'étais surestimé, peut-être que mes profs ne m'avaient pas préparé à devoir attendre un certain temps avant d'avoir les formations que je veux, mais en tout cas ça m'a fait bizarre le premier soir, de voir que j'ai été refusé dans plein de formations, et accepté seulement à la fac en licence simple et dans un de mes vœux de secours.
En essayant d'être objectif, je suis plutôt un très bon élève : je suis 2e de ma classe 100% européenne, et j'ai été présenté au concours général en maths, en physique et en philo. En plus, j'ai fait des concours de maths à côté, je suis investi au CVL (Conseil de Vie Lycéenne), au CA et à la JA (équivalent d'un BDE), et d'autres activités en dehors des cours, donc mon dossier est plutôt bien rempli. Pourtant j'ai été refusé dans toutes les prépas sur Paris et Versailles que j'avais demandées, alors que des amis à moi étaient plutôt bien classés (il n'y a aucune jalousie, juste de l'incompréhension). Même si je ne m'attendais pas forcément à être pris dans celles-ci, je m'attendais à être en liste d'attente, et à être mieux classé dans mon premier vœu (qui, heureusement, ne m'a pas été refusé).
Mes profs m'ont dit qu'ils ne comprenaient pas ce qu'il s'était passé pour moi, que ça faisait une semaine qu'ils en parlaient en salle des profs mais qu'ils ne trouvent pas d'explications. Du coup j'attends encore, je commence à recevoir des propositions des formations qui étaient restées en attente, et je croise les doigts pour mon vœu préféré.
Parcoursup a quand même des points positifs, l'application est assez bien faite et facile a comprendre. J'ai pas eu trop de mal à m'y faire. En revanche la phase des vœux est assez compliquée, j'ai parfois l'impression que les admis ont été choisis au hasard. Mais bon, on attend, comme beaucoup. En ayant un dossier très complet et des bonnes notes je m'attendais à être prise assez facilement dans des licences simples, et pourtant ce n'est pas le cas. Donc pour moi Parcoursup est une bonne application, mais les critères d'admissibilité des écoles sont parfois étranges...
Peut-être les réactions sont-elles trop vives, sous le coup de l'émotion. Il faudra attendre juillet pour voir les résultats finaux de la plateforme.
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