Le mégacentre de données de Zuckerberg en Espagne nécessitera 600 millions de litres d'eau par an

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Trina Banderas, France-Soir
Publié le 25 mai 2023 - 14:30
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Data center
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Photo de Taylor Vick sur unsplash.com
La puissance de calcul et de stockage des data centers augmente fortement et constamment la température de ces infrastructures.
Photo de Taylor Vick sur unsplash.com

RESSOURCES - Le développement par Meta d'un grand centre de données dans la région de Tolède (Castilla-la-Mancha), suscite l'inquiétude en raison de sa consommation estimée à plus de 600 millions de litres d'eau potable dans une région où l'eau est rare. 

Meta, le conglomérat dirigé par Mark Zuckerberg et dont dépendent Facebook, WhatsApp et Instagram, installera son plus grand centre de traitement de données d'Europe dans la province de Tolède.  

Ce sera, plus précisément, à Talavera de la Reina, l'ancienne capitale de la céramique qui, aujourd'hui, malgré sa proximité avec Madrid, traverse une période de crise sociale, économique et démographique. 

Opportunité économique...

Le gouvernement régional de Castille-La Manche a décidé il y a quelques semaines de poursuivre le projet Meta Data Center Campus, en soulignant son impact sur le territoire - plus de 1 000 emplois et 250 emplois directs hautement qualifiés - mais en ignorant le fait que l'infrastructure consommera plus de 600 millions de litres d'eau potable par an. 

Comme l'explique El País, la consommation “totale”, y compris en eaux "non potable", pourrait atteindre “120 litres par seconde dans le centre de données et 33 litres par seconde” dans le reste des installations. À ce rythme, on parle d'environ 4,8 milliards de litres d'eau par an. L'entreprise n'a toutefois pas confirmé officiellement ces estimations. 

Meta dispose actuellement de trois installations de ce type en Suède, au Danemark et en Irlande. Il y a quelques mois, une enquête du média Noordhollands Dagblab a démontré que le centre de données de Microsoft aux Pays-Bas consommerait 84 millions de litres d'eau en 2021, alors que l'entreprise avait annoncé une consommation de 12 à 20 millions de litres.

...mais impact environnemental délétère ? 

Cette “sous-déclaration” n’est pas une première. Un schéma similaire s'est produit aux Pays-Bas. Les centres de stockage de données et d'informations Middenmeer, de la firme Microsoft, ont consommé jusqu'à sept fois plus d'eau que ce qui avait été prévu au lancement du projet. 

Techniquement, l'eau est utilisée en abondance au sein des data centers afin de faire diminuer la température des serveurs ou d'autres installations électroniques présentes (ordinateurs, baies de stockage...).

Plusieurs méthodes existent pour effectuer un refroidissement efficace. L’un d’elle est le “free cooling”, qui utilise l’air extérieur. Lorsque le climat impose des températures particulièrement hautes, voire des canicules, cela est évidemment impossible. Ce qui est le cas en Espagne et rend indispensable l’utilisation d’eau. 

Outre la localisation de l'établissement du data center Meta qui interroge, l'affection d'eau en gigantesque quantité à de tels desseins dénote vis-à-vis des communications gouvernementales ou issues d'entreprises privées quant à la préservation des ressources environnementales.

Et plus encore à un moment où les besoins, notamment en eau potable, s'envolent à l'échelle de la planète. Plusieurs rapports de l'Organisation des Nations Unies (ONU), de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ou encore de l'UNICEF (le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance) avancent des chiffres inquiétants.

En 2019, 2,2 milliards de personnes "n'ont pas accès à des services d'eau potable gérés de manière sûre". En 2020, "plus de la moitié de la population mondiale, soit 4,2 milliards de personnes, manque de services d'assainissement gérés de manière sûre." Le stress hydrique concerne désormais 2 milliards de personnes, un chiffre qui risque d'augmenter.

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