Réchauffement climatique : 100 millions de pauvres en plus d'ici 2030
"Les événements liés au climat, à la météo, sont déjà des obstacles à la réduction de la pauvreté et cela va empirer". A trois semaines de la conférence climatique COP21 à Paris, la Banque mondiale publie un nouveau rapport des plus négatifs. Si rien n'est fait pour ralentir le changement climatique, d'ici 2030 ce sont 100 millions de personnes qui risquent de s'ajouter au 700 millions qui vivent déjà sous le seuil de pauvreté (en dessous de 1,9 dollar par jour). Car qui dit choc climatique dit pertes de récoltes, flambée des prix des matières premières et augmentation de maladies telles la malaria.
Or, d'ici 2030, les choses ont peu de chances de s'améliorer en la matière, prévient la Banque mondiale, très pessimiste. En effet, les politiques de réduction des émissions de gaz à effets de serre ne suffiront pas à modifier le réchauffement climatique lui-même, alerte le rapport. Conséquence: l'intensité et la fréquence de ces "chocs" agricoles, sanitaires et naturels ne peuvent donc que s'aggraver "au moins jusqu'à 2030".
Et sans surprise, les chocs climatiques (inondations, tempêtes, sécheresses…) affectent davantage les population les plus pauvres, souligne le rapport, se basant sur des questionnaires réalisés dans 92 pays d'Afrique, Amérique et Asie. Ainsi, dans le détail, le nombre de personnes exposées à des sécheresses et des inondations pourrait augmenter respectivement de 9 à 17% et de 12 à 19% d'ici 2030. Les rendements agricoles baisseraient quant à eux de 5%, engendrant des hausses des prix des denrées alimentaires. Par ailleurs, 150 millions de personnes de plus (5% de la population mondiale) pourraient être exposées à la malaria tandis que dans certaines régions, les maladies à diarrhées augmenteraient de 10% à l'horizon 2030, met en garde la Banque mondiale.
Et, en cas de catastrophe naturelle, ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté ont plus à perdre que les classes moyennes et supérieure. Car "leurs possessions sont généralement sous forme vulnérable, il s'agit de maison ou de bétail", explique l'un des auteurs du rapport, Stéphane Hallegatte, cité par Le Figaro. Ils sont également moins soutenus par les autres par leurs proches, souvent incapables de les aider, et ont rarement accès à des prêts bancaires.
Par ailleurs, les catastrophes naturelles ont des conséquences à long terme, sur le niveau de vie, la santé et l'éducation des populations. Enfin, le rapport insiste sur la difficulté liée au manque de protection sociale. Les systèmes d'assurance santé sont en effet très peu développés dans les pays pauvres d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie.
C'est pourquoi il est absolument indispensable de traiter les problèmes du climat et de la pauvreté ensemble. "Il faut assurer une croissance économique inclusive", explique Stéphane Hallegate, citant trois volets principaux: l'agriculture, la santé et des politiques adéquates face aux catastrophes naturelles. Et de proposer comme exemple de solution que les recettes des taxes environnementales servent à développer la protection sociale. Selon lui, "l’avenir n’est pas décidé d’avance. Nous avons la possibilité d’atteindre nos objectifs de réduction de la pauvreté face au changement climatique, mais à condition de faire dès maintenant des choix judicieux en matière de politiques publiques".
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