Volte-face estival : le retour des néonicotinoïdes dans les champs de betterave

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FranceSoir
Publié le 10 août 2020 - 10:43
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Betterave sucrière
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MYCHELE DANIAU / AFP
La betterave sucrière victime des pucerons verts
MYCHELE DANIAU / AFP
Au cœur de l’été, le ministère de l’Agriculture vient de signer une volte-face qui pourrait créer un précédent : autoriser l’utilisation de semences entourées d’insecticides puissants, les néonicotinoïdes, pour la production de betterave sucrière. 
 
Or ces produits sont interdits depuis le 1er septembre 2018 et la loi biodiversité de 2016, défendue à l’époque par une certaine Barbara Pompili, aujourd’hui ministre de la Transition écologique et solidaire. Les néonicotinoïdes s’attaquent en effet au système nerveux des insectes, y compris celui des abeilles. 
 
Une filière en crise
 
Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture, entend « sauver la filière de la betterave sucrière » en autorisant ces pesticides entre 2021 et 2023. Il répond à une demande des producteurs, qui font face à prolifération de pucerons verts, vecteurs du virus de la jaunisse. 
 
Le syndicat CGB (Confédération générale des producteurs de betteraves), proche de la FNSEA, a déclenché la sonnette d’alarme en annonçant une récolte 2020 amputée de 30%, soit 600000 à 800000 tonnes de sucre.
 
Ce secteur de la betterave sucrière concerne 46000 emplois et 21 usines de sucre, la France est leader européen, ce qui a apparemment motivé la décision de Julien Denormandie qui parle d’une filière « stratégique pour notre souveraineté alimentaire ». 
 
Deux ans après l’interdiction des néonicotinoïdes, le ministre annonce en parallèle une enveloppe de 5 millions d’euros pour financer la recherche « de solutions alternatives véritablement efficaces ». Il serait temps !
 
Retour en arrière
 
En attendant, cette dérogation accordée aux betteraviers provoque la colère des défenseurs de l’environnement, qui parlent de « retour en arrière » ou encore de « terrible nouvelle pour l’environnement ». L’Union nationale des apiculteurs (UNAF) évoque dans une lettre les conséquences pour les abeilles et l’ensemble des insectes pollinisateurs « déjà fortement fragilisés en France ». 
 
Si cette dérogation est destinée à répondre à une problématique précise, il y a un autre risque : autoriser des néonicotinoïdes dans les champs de betteraves, c’est aussi ouvrir une sorte de boîte de Pandorre. Les producteurs de maïs ont déjà saisi la balle au bond. Dès samedi, ils ont demandé une dérogation pour pouvoir utiliser ces insecticides contre les mouches. 
 

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