1855 : grands vins et escroquerie
Le concept apparaissait séduisant pour les amateurs de vin. Trop peut-être. L'entreprise 1855 était considérée dans les années 2000 comme l'une des start-up françaises les plus prometteuses. Mais aujourd'hui, elle ferait l'objet d'une information judiciaire ouverte par le parquet de Paris pour tromperie, escroquerie et abus de confiance.
Le principe de 1855.com est de proposer à la vente des bouteilles de vin qu'elle n'avait pas en stock. Elles n'étaient commandées aux fournisseurs qu'une fois qu'un client du site avait lui-même passé commande, cela afin d'éviter les coûts de stockage. Un moyen également d'éviter de payer trop cher un grand cru, voire pour l'acquéreur de spéculer sur la valeur future d'un vin, et pour le producteur d'être payé à l'avance.
Seulement ce modèle économique, dit "en rupture", semble avoir vite atteint le point de non-retour. La société, qui voulait devenir "l'Hermès du vin", se serait heurtée à des problèmes d'approvisionnement, beaucoup de grands crus étant difficiles à trouver en quantité suffisante. Le problème est que les commandes étaient alors déjà passées et payées. Ce sont, selon Le Parisien, 11.000 clients qui n'auraient jamais vu l'ombre des bouteilles qu'ils ont achetées.
Et les livraisons en retard ne font qu'aggraver la situation, le prix des vins ayant tendance à augmenter. L'entreprise aurait alors dû financer l'achat des bouteilles commandées avec l'argent des nouveaux clients. La société a été placée en liquidation judiciaire le 9 janvier dernier.
"Leur modèle économique ne pouvait tenir la route", a déclaré l'un des avocats des clients lésés au Parisien. "Ils n'ont jamais eu l'intention de livrer les clients", argue un de ses confrères.
Pour l'avocat d'Emeric Sauty de Chalon et Fabien Hyon, créateurs de 1855, il ne s'agit en aucun cas d'une escroquerie mais d'un "raté économique". Ses clients auraient été victimes de "l'establishment bordelais qu'ils ont voulu bousculer" avec leur nouveau système de vente. Selon lui, les négociants "remettaient à la vente les lots de vins réservés dès qu'il s'agissait de 1855.com", provoquant ainsi leur pénurie. Il met également en cause des "clients spéculateurs qui ne raisonnaient qu'en termes financiers".
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