Ambiance tendue au procès de Monique Olivier, l’ex-épouse de Michel Fourniret
FAITS DIVERS - Suite à la mort du tueur en série Michel Fourniret, son ex-épouse, Monique Olivier, comparaît seule devant la cour d’assises de Nanterre depuis le 28 novembre 2023. La septuagénaire, déjà condamnée à perpétuité en 2008 et à 20 ans de prison en 2018, pour s’être rendue complice des crimes de son mari, commis en France et en Belgique, est maintenant accusée de complicité dans les meurtres et viols de Marie-Angèle Domèce, 18 ans, et de Joanna Parrish, 20 ans, ainsi que de complicité dans l’enlèvement et le meurtre d’Estelle Mouzin, 9 ans. Ces victimes ont respectivement été portées disparues en 1988, 1990 et 2003. Le dossier de l’ex-femme de Fourniret fait partie des premiers dossiers dont le pôle Crimes sériels ou non élucidés s’est saisi, après sa création en mars 2022. Le procès, qui doit durer trois semaines, a commencé dans une ambiance tendue.
Monique Olivier a d’emblée reconnu tous les faits qui lui sont reprochés et dit “regretter tout ça”. Elle se présente comme une femme victime des évènements et de ses ex-conjoints et explique être “déçue” que le décès de Michel Fourniret l’ait contrainte à se retrouver “toute seule à l’audience”. Elle affirme : “Il faut quelqu’un pour me diriger”.
Francis Nachbar, l’ex-procureur de Charleville-Mézières qui a obtenu la condamnation du couple criminel, conteste fermement l’image de femme sous emprise, terrifiée par son ex-compagnon, que la défense voudrait donner. Il décrit Monique Olivier comme une femme supérieurement intelligente et manipulatrice, capable de tromper des experts, et qui a conclu en toute conscience un pacte criminel avec “L’Ogre des Ardennes”. L’ancien magistrat rappelle qu’il ressort de l’enquête que Monique Olivier écrivait : “Je serai fière d’aider mon tigre à assouvir ses pulsions".
“Ce sont tous les deux des monstres d’inhumanité, de méchanceté, de perversité, de cruauté”, tonne-t-il. Et d’insister sur le fait que le couple déshumanisait leurs victimes en les appelant des “membranes sur pattes”, en référence à l’obsession de Fourniret pour les vierges, ou de “jeunes fentes”. Il explique aussi que Monique Olivier et Michel Fourniret rejouaient leurs crimes lors de leurs ébats sexuels, mimant l’enlèvement, la terreur, le viol et le meurtre des jeunes victimes. D’après lui, Monique Olivier a prouvé qu’elle était capable de tenir tête à Fourniret et qu’elle “n’a jamais été terrorisée” par le tueur en série. Quand on lui apprend que Monique Olivier a affirmé ne pas être dangereuse, Francis Nachbar s’exclame : “Elle est aussi dangereuse que lui !"
De cette affaire, “personne n’est sorti indemne”
Accusé d’avoir malmené physiquement l’accusée lors d’un interrogatoire, il dément fermement et affirme lui avoir juste légèrement secoué l’épaule parce qu’elle semblait endormie ou inconsciente. Il reconnait par ailleurs avoir été traumatisé par cette affaire dont “personne n’est sorti indemne”.
Les avocats des parties civiles déplorent quant à eux les délais imposés à leurs clients pour obtenir ce procès, des actes d’enquête non exécutés et certains dossiers classés trop vite, ainsi que des disparitions de pièces et de scellés.
Maître Didier Séban, l’avocat du père d’Estelle Mouzin, annonce d’ailleurs avoir saisi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et poursuivre l’État français pour faute lourde.
Maître Corinne Herrmann, l’avocate des sœurs de Marie-Angèle Domèce, dénonce le calvaire imposé aux familles des victimes par une justice française peu diligente, ayant par exemple négligé pendant des années, ou purement et simplement omis, d’exploiter des ADN recueillis par les enquêteurs belges. "On n’a pas arrêté d’alerter, d’alerter, d’alerter, même la presse”, explique-t-elle.
Combien de victimes inconnues de la justice ?
Elle reproche aussi à la justice d’avoir abandonné trop vite les enquêtes concernant certaines victimes, suite à la rétractation des accusés, alors que de telles rétractations sont courantes et ne signent pas pour autant l’innocence des mis en cause. "Comment a-t-on pu abandonner ?! Je suis vraiment en colère. On s’est battus pendant des années, on ne les a pas abandonnés et on était tout seuls !”
Lors de l’enquête, Michel Fourniret, a affirmé qu’il "partait en chasse une ou deux fois par an, et plutôt deux fois qu’une” et qu’il “revenait rarement bredouille”.
L’inquiétante question qui plane donc sur ce procès est la suivante : combien de victimes a-t-il faites, encore inconnues de la justice ? Combien de familles toujours dans l’angoisse de ne pas savoir ce que sont devenues leurs proches ?
Maître Richard Delgenès, l’avocat de Monique Olivier, affirme que sa cliente va répondre aux questions durant le procès. L’ancien procureur Francis Nachbar estime quant à lui qu’elle ne fera aucune nouvelle révélation utile. Il pense notamment qu’elle connait le lieu où le corps de la petite Estelle Mouzin a été abandonné et qu’elle pourrait l’indiquer, permettant ainsi à la famille de lui donner une sépulture décente. Mais il pronostique aussi que, celle qu’il considère comme un monstre de perversité, n’en fera rien.
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