Après l'attentat de l'Hyper Cacher, la vie de la communauté juive a repris sous bonne garde

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 04 janvier 2016 - 13:34
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La devanture de l'Hyper Cacher, Porte de Vincennes.
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"Le 11 janvier a vu se briser en mille morceaux le mur d'indifférence qu'avait érigé la société civile" avec la communauté juive, selon un responsable religieux.
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Endeuillée et éprouvée par la sanglante prise d'otage de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris, le 9 janvier dernier, la communauté juive reste sous le choc. "En dépit d'un traumatisme durable, la vie a repris son cours. Avec le sentiment d'une fraternité retrouvée", se réjouit toutefois le grand rabbin de France Haïm Korsia.

Certains habitués hésitent désormais à franchir le seuil de l'Hyper Cacher. La prise d'otages sanglante, deux jours seulement après Charlie, a causé un "traumatisme durable". Mais partout, sous bonne garde, la vie communautaire juive a repris son cours.

Au supermarché casher de la porte de Vincennes à Paris, refait à neuf, rien ne rappelle la tragédie. A l'intérieur, du moins. Dehors, une patrouille militaire assure toujours la sécurité de l'établissement, où le djihadiste Amédy Coulibaly a pris 28 personnes en otages et fait quatre morts, le 9 janvier 2015. C'était un vendredi, jour d'affluence à quelques heures du shabbat. L'attaque antisémite la plus meurtrière en France depuis plus de 30 ans -avec celle de l'école juive Ozar Hatorah de Toulouse en 2012- allait marquer les esprits.

Les manifestations du 11 janvier, réunissant en un même hommage victimes de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher, ont été perçues comme le sursaut longtemps attendu par la première minorité juive d'Europe, forte d'un demi-million de personnes. Des Français juifs, croyants ou non, qui pour beaucoup espéraient voir leurs concitoyens descendre dans la rue après la séquestration barbare et l'assassinat d'Ilan Halimi en 2006, les crimes de Mohamed Merah à Toulouse en 2012, l'attaque du Musée juif de Bruxelles par Mehdi Nemmouche en 2014.

"En dépit d'un traumatisme durable, la vie a repris son cours. Avec le sentiment d'une fraternité retrouvée, le 11 janvier a vu se briser en mille morceaux le mur d'indifférence qu'avait érigé la société civile", se réjouit avec le recul le grand rabbin de France, Haïm Korsia, interrogé par l'AFP. Les juifs se sont habitués à la présence, rassurante et impressionnante à la fois, de soldats devant plus de 700 synagogues, écoles juives, centres communautaires.

Pourtant l'inquiétude persiste dans les communautés juives, où l'on craint d'autres attaques antisémites, comme on est convaincu qu'Amédy Coulibaly se rendait à l'école juive de Montrouge, le 8 janvier, quand il a tué une policière municipale.

Le nombre d'actes antisémites interpelle. Après une année 2014 qui l'avait vu doubler par rapport à 2013, la tendance à la hausse s'est confirmée de janvier à mai (+84% par rapport à la même période de 2014). Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a toutefois laissé entendre qu'il y avait eu, sur toute l'année 2015, moins d'actes antisémites qu'en 2014, se félicitant que la "fermeté commence à payer".

Les doutes devant l'avenir se lisent aussi dans l'émigration vers Israël, dont les causes (économiques, religieuses, identitaires...) ne sont cependant pas réductibles à un sentiment d'insécurité. La France a vécu en 2015 une deuxième année consécutive record, avec près de 7.900 départs. Le phénomène commence à éroder la fréquentation des écoles juives françaises. Mais l'impact des attentats de janvier n'est pas mesurable sur des projets de vie préparés depuis des années. Et les appels à rester en France retentissent de plus en plus nettement.

L'aliyah ("montée" en hébreu), "démarche spirituelle et religieuse, ne saurait avoir un sens qu'à la condition d'être le fruit d'une réflexion et d'un choix éclairés", fait valoir le grand rabbin Korsia. "Ceux qui veulent partir en Israël", disait le Premier ministre Manuel Valls en septembre, "personne ne peut les condamner. Mais leur place est ici".

A l'Hyper Cacher, un an après l'attaque, les habitués témoignent d'une volonté de "reprendre le cours de (leur) vie". "Il m'a fallu six mois pour commencer à revenir", raconte Samuel, 24 ans. "Il y a eu une vraie rupture, maintenant on sait qu'on peut se faire tuer en allant faire ses courses, en marchant dans la rue". "On réfléchit avant de venir, mais quand on voit la sécurité déployée, on se sent plus ou moins protégé", estime Déborah, 29 ans.

Esther, 48 ans, ne vient plus à l'Hyper Cacher le vendredi: "je ne peux plus". Mais elle était là pour sa réouverture dès mars. Samedi prochain, à 19h30, d'autres anonymes se recueilleront devant le magasin, à l'appel de toutes les grandes organisations juives. En mémoire des 17 victimes des attentats de janvier 2015.

 

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