Attentats de Paris : comment la BRI a donné l’assaut au Bataclan
Trois jours après les attentats de Paris qui ont fait 129 morts dont 90 au Bataclan, on en sait un peu plus sur l'intervention de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) de la police judiciaire de Paris dans la salle de spectacle.
Il est 22h15 vendredi 13 quand une colonne de la BRI arrive au Bataclan. Au rez-de-chaussée,"silence de mort", se rappellent les hommes. Pas un seul coup de feu, pas de traces des terroristes. Seules quelques sonneries de téléphones qui retentissent. Au sol, les corps s'amoncèlent. L'odeur est insoutenable "C’est l’enfer de Dante", raconte un policier au Monde. A la vue des forces de l'ordre, les rescapés se relèvent petit à petit et se se dirigent soulagés vers la sortie. L'opération d'exfiltration dure plusieurs dizaines de minutes.
Peu avant 23h, des hommes du RAID arrivent en renfort, permettant aux policiers d'explorer enfin les étages. Deux colonnes avancent pas à pas, chacune par un escalier et derrière un lourd bouclier de protection de type "Ramsès" constitué de kevlar pour résister aux armes de guerre. Les policiers ouvrent des portes d'où s'eclipsent discrètement des "gens terrorisés" qui s'étaient cachés dans des placards ou des faux plafonds.
A 23h15, les hommes de tête arrivent devant une nouvelle porte derrière laquelle retentit un bruit. Sur demande des terroristes, un otage s'est mis à crier. "Il disait qu’ils étaient une vingtaine. Que les terroristes allaient les décapiter, qu’ils avaient des ceintures d’explosifs", explique une source policière à 20 Minutes. Les terroristes communiquent ainsi un numéro de téléphone portable que l'un des policiers compose. Cela donne lieu à cinq coups de fil, dont aucun ne se révèlera concluant. "A chaque fois, ils ont demandé aux policiers de partir, sans quoi ils allaient continuer à tuer", explique Le Monde d'après qui les terroristes évoquent également la Syrie au cours de ces échanges houleux.
Pendant ce temps, les choses se précisent: le chef de la BRI obtient enfin du préfet de police l'accord pour donner l'assaut. "Il fallait faire vite. Il y avait un risque qu’ils se fassent sauter", raconte un cadre de la préfecture de police à 20 Minutes. A 0h20, les policiers profitent d’un moment d’inattention pour lancer l’assaut. Sans attendre, les terroristes font feu, repliés derrière les otages.
Les policiers ripostent avec des grenades détonantes. "Les premières sont détonantes, pour aveugler. Les secondes, défensives, pour progresser", raconte Le Monde. La colonne progresse, exfiltrant un à un les civils pris au piège.
L'assaut dure trois minutes. Trois minutes au cours desquelles les otages se retrouvent coincés entre policiers et terroristes, terrorisés et impuissants face aux tirs. Un policier est blessé à la main. Un des terroristes s'effondre, sans doute touché par les balles. Puis une violente explosion retentit: le deuxième terroriste a fait exploser sa ceinture.
Des otages sortent peu à peu de leurs cachettes, sous les tables, entre les rangées de sièges. Tout le monde est sain et sauf, un enfant est retrouvé dans la pièce.
Lundi 16, i>Télé a publié une photo du bouclier grâce auquel ce miracle a été possible. Vingt-sept balles s'y sont écrasées, sans jamais le traverser.
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