Bataclan : Cédric hanté par "cette femme enceinte qui a pris des balles" [Article mis à jour : l'homme est un affabulateur]

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 15 janvier 2016 - 10:37
Image
Attentats Paris 13 nov 2015 Bataclan Salle
Crédits
©Bataclan
"Cette femme enceinte est passée devant le canon et elle a pris les balles qui m'étaient destinées", se souvient Cédric.
©Bataclan
Lui a survécu, d'autres non. Tant d'autres. C'est ce souvenir qui hante Cédric Rey, ambulancier de 27 ans qui a vécu l'horreur du Bataclan, le 13 novembre dernier. "C'est gravé en moi", dit-il. [Cet article a été mis à jour le 1er décembre 2017: Cédric R.est un affabulateur qui s'est fait passer induement pour une victime des attentats du 13 novembre, a établi la justice]

"A cette femme qui a pris les balles qui m'étaient destinées". Cédric Rey a déposé ce message en souvenir de cette inconnue du 13 novembre, un soir qu'il se trouvait au Bataclan café, juste devant la salle de spectacle où 90 personnes ont été tuées.

Article mis à jour le 1er décembre 2017: Cédric R. est un affabulateur, une fausse victime du Bataclan jugé pour escroquerie par la justice (cliquer sur le lien pour lire l'article).

Depuis, "j'ai la voix de merde du répondeur d'attente des flics qui tourne en boucle dans ma tête". Cet ambulancier de 27 ans, aux lourds cernes, traîne sa culpabilité de rescapé. Les djihadistes, ils les a "vus rentrer", n'avait pas repéré leurs armes. Il ne sait pas combien de temps il a mis à réagir. Trop longtemps, "je m'en veux de ne pas avoir appelé les flics tout de suite".

"Ce soir-là", qui ponctue chacune de ses phrases, n'est plus pour Cédric qu'une chronologie décousue, des fragments d'horreur, qu'il tente toujours de reconstituer. D'abord "cette femme qui a pris des balles pour moi": "le terroriste resté à l'entrée a braqué... Cette femme enceinte est passée devant le canon et elle a pris les balles qui m'étaient destinées". D'elle, il ne se remémore que sa blondeur et sa monture de lunettes "épaisse".

Et cette image d'"un mec devant l'issue de secours qui tournait à gauche, à droite... A un moment, il a plié sa jambe et c'est comme si je voyais son âme partir. Tu le vois bouger, d'un coup tu sais qu'il est mort. Comme dans les films", explique le jeune homme brun sans ciller.

Il se souvient aussi d'avoir "ramassé un mec qui avait pris deux balles dans la jambe gauche". Il ne veut pas savoir ce qu'il est devenu: "si j'apprenais qu'il avait été amputé, ça me démolirait de savoir que le peu que j'aie fait cette nuit-là n'a servi à rien".

"Pendant les quinze jours qui ont suivi les attentats, j'ai été toutes les nuits devant le Bataclan. Dès que je voyais des gens la larme à l’œil, je leur sautais dessus et je leur demandais +vous y étiez?+" raconte Cédric, encore en arrêt maladie deux mois après. Un soir, il rencontre Nahomy, 19 ans, elle aussi rescapée. Tous deux errent des nuits entières jusqu'au petit matin tels "des zombies", allumant des bougies, tournant en rond.

Grâce groupe privé Facebook "Life for Paris", il entre en contact avec d'autres rescapés, des proches des victimes et les retrouve pour des "apéros thérapeutiques". Avec eux, il se souvient, pleure, et rit parfois, comme avec cette femme enceinte suspendue à la rambarde d'une fenêtre du Bataclan -aperçue dans une vidéo désormais célèbre- qui plaisantait, se disant désormais experte en accrochage de décorations de Noël. "Chaque rire, chaque sourire des rescapés: c'est des gens qui ont vu l'enfer", dit-il d'un ton soudain très sérieux, puis il baisse les yeux sur ses jambes. "Ca, c'est le pantalon Bataclan. Tu vois, y'a encore des marques", montrant des taches orangées sur la toile.

Relevant sa manche, il révèle un tatouage de Marianne avec une larme de sang devant le Bataclan. En dessous "Paris, 13/11/15" parce que "c'est gravé en moi maintenant".

À LIRE AUSSI

Image
Attentats Paris 13 nov 2015 Bataclan Fleurs
Attentats de Paris : les rescapés à des "apéros thérapeutiques"
Ils se disent rescapés, pas survivants, un mot qui leur rappel trop qu'ils ont frôlé la mort, le 13 novembre dernier, dans les rues de Paris. Depuis, un collectif info...
15 janvier 2016 - 10:25
Société
Image
Attentats Paris 13 nov 2015 Victimes Trottoir Restaurant
Attentats de Paris : 51 personnes encore hospitalisées
Deux mois après les attentats meurtriers de Paris et Saint-Denis, 51 personnes sont encore hospitalisées selon la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Parmi elles: ...
14 janvier 2016 - 14:36
Société
Image
Le bar Le Carillon.
Attentats de Paris : deux mois après, Le Carillon rouvre ses portes
Cible des djihadistes le 13 novembre dernier, le bar Le Carillon, où neuf personnes ont perdu la vie, a rouvert ses portes ce mercredi. Deux mois jour pour jour après ...
13 janvier 2016 - 21:22
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.