Bijoutier de Nice : quelle peine pour Stéphane Turk ?
Une peine de 30 ans de prison ou la liberté pour Stéphane Turk, le bijoutier de Nice? Sur le papier, les deux issues sont possibles mais aucune des deux n'est vraiment attendue.
L'homme de 72 ans, accusé du meurtre de l'un de ses braqueurs, devrait être fixé sur son sort vendredi 1er juin.
Le 11 septembre 2013 au matin, ce commerçant d'origine libanaise, brutalisé et forcé de remettre le contenu de son coffre-fort (127.000 euros) à deux braqueurs casqués, avait fait feu à trois reprises depuis le seuil de son commerce avec un pistolet semi-automatique alors que ses agresseurs prenaient la fuite.
L'une des balles avait touché mortellement dans le dos Antony Asli, 19 ans, qui s'enfuyait sur un scooter avec un complice, condamné depuis en appel à 10 ans de prison.
Lire aussi: "Un passé honnête détruit en 3 minutes": le bijoutier niçois se défend à l'ouverture de son procès
Au cœur du procès, la question de la légitime défense invoquée par l'accusé. Celui-ci assure que le jeune homme qu'il a abattu s'était retourné pour le viser avec son arme. Une thèse selon laquelle Stéphane Turk aurait donc agit de manière proportionnée et nécessaire pour faire face à une menace immédiate, soit les conditions de la légitime défense.
Si celle-ci était retenue, l'homme serait alors déclaré pénalement irresponsable et repartirait libre.
Mais cette version "commode" a été largement mise en doute lors du procès, notamment car la vidéosurveillance ne permet de voir que les tirs du bijoutier et pas le scooter des braqueurs. Mais surtout, l'instruction a considéré que le péril était terminé lorsque StéphaneTurk est allé chercher son arme, détenue illégalement, et même qu'il ne pouvait savoir que l'un des braqueurs avait un fusil à pompe.
Le dossier d'accusation rappelle que selon le code pénal français, "la légitime défense ne peut s'appliquer lorsque l'agresseur prend la fuite" et "la légitime défense des biens ne peut jamais justifier un homicide volontaire".
Que la cours d'assisses retienne la légitime défense semble donc ce jeudi 31 peu probable et serait une décision fracassante, alors que l'affaire avait largement alimenté la polémique sur l'insécurité, le bijoutier symbolisant pour certains la nécessité de se protéger par ses propres moyens.
La peine de 30 ans apparaît elle aussi plus qu'improbable, le maximum étant rarement prononcé, même dans les affaires ou les faits sont très clairs. Même si la légitime défense n'était pas retenue, l'état de nervosité et de peur de l'accusé au moment des faits devrait peser dans la balance. De même que son âge et le faible risque de récidive.
La défense a mis en avant le passé sans tâche de l'accusé: "J'ai un passé honnête, c'est tout parti en trois minutes à cause de voyous qui m'attaquent. (...) J'avais peur de mourir, j'ai tiré instinctivement", a-t-il assuré au premier jour du procès.
A l'issue de ce procès médiatisé et polémique, difficile cependant d'imaginer une peine qui ne provoque pas l'indignation de la famille de la victime ou des nombreux soutiens de l'accusé.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.