Calais : opérations coup de poing pour réclamer le démantèlement de la "Jungle"
"Jungle" plus peuplée que jamais, incidents réguliers sur la rocade portuaire, image de Calais écornée: excédés, des acteurs économiques du Calaisis organisaient lundi matin des opérations pour réclamer le démantèlement rapide du plus grand camp de migrants de France.
A bord de plusieurs dizaines de camions, des transporteurs routiers de la région ont quitté vers 08H00 Loon-Plage (Nord), près de Dunkerque, et Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), sur l'A16 Paris-Ostende en direction de Calais, causant d'importants bouchons.
Une importante file de tracteurs d'agriculteurs s'est ensuite greffée au cortège qui avait pour finalité de bloquer en fin de matinée cet axe particulièrement utilisé par les transporteurs européens pour rejoindre l'Angleterre via le port de Calais, premier de France pour le trafic passager, ou le tunnel sous la Manche.
"Cette manifestation, c’est pour crier (...) vraiment le ras-le-bol de la profession, des transporteurs routiers" face aux "actes d’incivilité dont nous sommes victimes au quotidien. Aujourd’hui ce que l’on réclame c’est des mesures d’urgence pour que l’on puisse rouler en toute sécurité sur l’autoroute A16 et sur la rocade portuaire", a déclaré à l'AFP David Sagnard, président de la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR) Nord-Pas-de-Calais.
Vendredi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve en déplacement à Calais, avait réaffirmé l'intention de l'Etat de démanteler la "Jungle" le "plus rapidement possible", mais avec "méthode" et "maîtrise".
Sous une fine pluie, les deux imposants convois, encadrés par des forces de l'ordre, roulaient à faible allure et recevaient régulièrement, à coups de klaxon, le soutien d'automobilistes et routiers roulant dans le sens inverse.
Dans un communiqué, la CGPME, syndicat des PME, a apporté son soutien au mouvement, comprenant son "exaspération".
Parallèlement, quelque 400 personnes selon l'AFP, essentiellement des commerçants de Calais ou des employés du port, vêtus de gilets jaunes de sécurité, ont formé un cortège qui se dirigeait, depuis la rocade, vers l'A16, et s'est joint au cortège venu de Loon-Plage vers 11H00, à l'embranchement des deux axes.
Cette manifestation a été brièvement conduite par des élus du Calaisis, dont la maire de Calais Natacha Bouchart (LR) venue "partager la souffrance des Calaisiens", brandissant un tee-shirt "J'aime Calais", et le député PS Yann Capet.
"Calaisiens enfermés, migrants libres!" ou "Le gouvernement doit déclarer le Calaisis en état de catastrophe économique", pouvait-on lire sur des banderoles de la Fédération du commerce du Calaisis.
Frédéric Van Gansbeke, porte-parole du collectif des entreprises et commerces du Calaisis, espère "marquer le coup" avec cette opération, une première depuis le début de la crise migratoire dans la région.
"Mais on proteste car on est loin" de la satisfaction des revendications, "notamment l'aide aux entreprises - on n'a ni montant ni date -, la création de la grande zone franche, ou la mise en secteur difficile du Calaisis. On n'a pas de réponses, donc on bloque", a-t-il ajouté. "Ce blocus peut durer longtemps! Il nous faut des réponses concrètes", a répété M. Sagnard.
Vendredi, M. Cazeneuve avait pourtant annoncé un nouveau dispositif d'aides aux entreprises locales "de manière à soutenir plus directement les entreprises qui souffrent", sans donner de chiffres.
"C'est le salaire de la peur. On se pose chaque matin la question de savoir si notre journée de travail ne va pas être gâchée, si un migrant ne va pas éventrer la bâche du camion. Et si la marchandise est endommagée, c'est retour direct à la case départ", a encore témoigné lundi au départ de Loon-Plage Nicolas Lotin, directeur d'une agence de transport à Boulogne-sur-Mer.
Début mars, ce collectif calaisien avait réuni plusieurs centaines d'habitants du Calaisis dans les rues de Paris, où il avait été reçu à l'Elysée, pour demander que la zone soit reconnue "en état de catastrophe économique exceptionnelle".
Régulièrement, des migrants de la "Jungle", plus grand bidonville de France où survivent entre 6.900 et plus de 9.000 réfugiés selon les sources, élèvent des barrages sur la rocade portuaire avec des barrières ou des arbres pour forcer les camions à s'arrêter et tenter de s'y cacher afin de rallier l'Angleterre.
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