Chargé en nitrate d'ammonium, le "Ruby" est bloqué au large de l'Angleterre
Bombe à l'eau. Un cargo maltais chargé de 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium est immobilisé depuis des semaines près des côtes anglaises. Entre mémoire de Beyrouth et risques économiques, personne ne veut de cette bombe à retardement flottante.
Le paradoxe est troublant : un navire chargé d’une matière capable d’anéantir un port reste bloqué, car aucun port n'ose l'accueillir. Le "Ruby", avec ses 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium, erre au large des côtes britanniques depuis plus de trois semaines. Si le souvenir de Beyrouth hante les esprits, les autorités semblent dépassées face à cette situation critique. Pourquoi personne ne veut de ce navire ? La réponse est à chercher entre logistique complexe et risques économiques.
Le cargo, parti de Russie en août dernier, a essuyé une tempête et subi des avaries, mais ce n’est pas la première fois qu’un navire chargé de marchandises dangereuses se voit refuser l’accès aux ports européens. "Si le bateau s’échoue dans un chenal, votre port est fermé pour des mois", explique Laurent Martens, délégué général d'Armateurs de France, cité par l'AFP. Entre le coût astronomique des opérations de déchargement et les dangers encourus, les ports rechignent à accueillir ce type de cargaison.
Mais le véritable enjeu dépasse la simple logistique. Les experts rappellent qu'il s'agit de nitrate d’ammonium destiné à l’agriculture, bien moins dangereux que le produit explosif à l'origine de la tragédie de Beyrouth. "On fait l’amalgame, mais je pense qu’on peut totalement gérer cette situation", tempère Eric Slominski, expert maritime. Reste que le danger potentiel et l'origine russe de la cargaison pèsent lourd dans la décision des ports de refuser le "Ruby".
Face à ce dilemme, la peur et la complexité semblent avoir pris le dessus. Ainsi, le "Ruby" cristallise l'incapacité à gérer le risque : entre logistique paralysée et souvenirs explosifs, ce cargo reste à quai, à la dérive.
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