Condamnation de Monique Olivier. Une victoire douce-amère pour les familles de victimes et une nouvelle page à écrire
FAITS DIVERS - Mardi 19 décembre, dans la soirée, le verdict est tombé après 10 heures de délibération : Monique Olivier est déclarée coupable de complicité dans les enlèvements, séquestrations et meurtres des jeunes Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et de la petite Estelle Mouzin. Elle est condamnée à la réclusion à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 20 ans. Un verdict accueilli avec soulagement par les familles qui soulignent cependant le combat qu’elles ont dû mener pour obtenir justice, et qui annoncent déjà que, si une page se tourne, elles vont désormais œuvrer pour que leur calvaire n’ait pas été vain et servent à d’autres familles encore en attente de réponses.
“La peine de réclusion à perpétuité est juste, adéquate et proportionnée à l’extrême gravité des faits et à la personnalité de l’accusée”, conclut le président de la cour d’assises de Nanterre après l’énoncé du verdict.
Une analyse partagée par les parties civiles et leurs avocats, qui rappellent cependant les difficultés qu’ils ont dû affronter jusque dans la salle d’audience.
“Pour les victimes qui ont tant attendu, qui se sont tant battues pour qu’un jugement ait lieu, c’est évidemment une décision qui leur donne satisfaction après un procès très éprouvant”, commente Me Didier Séban, l’avocat d’Éric Mouzin, père d’Estelle, à la sortie de l’audience. Le conseil rappelle cependant le long combat qu’il a fallu mener pour en arriver là. « C’est une victoire contre la justice, pour la justice », assène l’avocat.
Parcours du combattant de vingt ans
Le papa de Joanna Parrish, très ému, confirme la satisfaction de sa famille après ce verdict. Il demande un moment de recueillement en mémoire des victimes du couple Fourniret/Olivier et espère que ce moment de justice va leur permettre d’aller de l’avant : "Nous espérons que, maintenant, nous pourrons nous rappeler de Joanna souriante, telle que ses nombreux amis la garde en mémoire”. Le frère de la jeune femme dénonce cependant le manque de professionnalisme et de ténacité de certains acteurs du système judiciaire français.
Des reproches partagés par la famille d’Estelle Mouzin. Bien sûr, elle se félicite que la justice ait été rendue, mais elle souligne aussi le long parcours du combattant qui leur a été imposé par les institutions et la douleur accentuée par l’attente : “Vingt ans où nous avons été exposés à des erreurs d’enquête, des combats d’egos, à imaginer l’insupportable et à ne jamais pouvoir lâcher. Nous sommes tous la génération Estelle aujourd’hui”, explique Estelle, la fille de la compagne d’Éric Mouzin. Un tour de la vie a voulu qu’après sa séparation avec la maman de l’enfant disparue, il refasse sa vie avec une femme mère d’une fille nommée Estelle. Cette dernière a d’ailleurs témoigné, lors du procès, de la difficulté à s’appeler ainsi dans une famille où le retour d’une autre Estelle était tant souhaité.
Les corps de Marie-Angèle et Estelle toujours pas retrouvés
Cette trop longue attente a eu pour conséquence que Fourniret meure avant ce procès, déplore la famille Mouzin. Par ailleurs, les corps de Marie-Angèle et d’Estelle n’ont pas été retrouvés, et on en sait peu sur leurs derniers instants...
Alors pas question que toutes ces souffrances aient été vaines. C’est grâce au combat sans relâche d’Éric Mouzin, et de l’association qu’il a créée, que le pôle pour les crimes non élucidés et les crimes sériels a vu le jour. Et le papa d’Estelle ne compte pas en rester là. "Il faut demander aux pouvoirs publics que les dispositifs d’enquête soient améliorés afin que le pôle cold case ne soit pas saturé, revendique-t-il, que les souffrances endurées servent à quelque chose et que ce ne soit pas seulement le procès de Monique Olivier".
Car tous sont conscients que de nombreuses zones d’ombre demeurent sur le parcours criminel du couple et qu’il reste d’autres familles qui ignorent aujourd’hui ce que sont devenus leurs proches.
Les familles des victimes de Fourniret et d’Olivier, leurs soutiens, leurs avocats, donnent à voir un bloc uni. Des liens indéfectibles se sont noués durant ce long et douloureux combat. Et il est très clair que pour ce groupe solidaire, né de la douleur, si une page se tourne, une autre va s’écrire, pour que leurs pairs obtiennent justice à leur tour, et les réponses qu’eux-mêmes n’ont pas toujours obtenues.
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