EXCLUSIF Affaire Maëlys : harcelée, la sœur de Nordahl Lelandais témoigne (3/3)
"Famille d'alcooliques", "c'est de votre faute", "vous n'avez qu'à faire attention à vos gamins". Ces messages se sont retrouvés sur les réseaux sociaux, à l'adresse des proches de la famille de Maëlys de Araujo, enlevée et mise à mort une nuit d'août. Le compte expéditeur de ces messages affiche une photo et un nom, ceux d'Alexandra. La sœur de Nordahl Lelandais, le principal suspect qui a reconnu son implication dans le décès de l'enfant après cinq mois et demi de dénégations. Inhumanité? Inconscience? Volonté de provoquer? Non. Piratage, usurpation d'identité et volonté de nuire. Celle qui après de nombreuses réticences accepte enfin de parler à France-Soir ne vient pas défendre celui "qui reste son frère" même s'il a fait quelque chose "qui n'est pas excusable" et qui assure "comprendre la famille de Maëlys". Mais elle vient expliquer comment son quotidien, bien loin de Domessin et de Pont-de-Beauvoisin, est aujourd'hui miné par les menaces constantes sur les réseaux sociaux où circulent son nom, son téléphone, et de multiples menaces de mort.
"Je n'ai jamais tenu les propos que l'on me prête. Je ne me serais jamais permise. Une fois, en septembre, j'ai même écris à un cousin de la famille de Maëlys pour lui jurer que ce n'est pas moi qui publie ces horreurs, avant de désactiver le compte que j'avais créé pour l'occasion" assure-t-elle, ajoutant "je suis bouleversée pour les parents de Maëlys. Cette affaire me peine, c'est tellement triste ce qui est arrivée à cette petite". Si la famille de Maëlys n'a pas toujours été tendre pour le clan Lelandais (où personne n'est poursuivi pour complicité), Alexandra nous assure comprendre cet élan d'émotion venant des proches de l'enfant. Sauf que les vraies menaces viennent de justiciers autoproclamés des réseaux a priori sans aucun lien avec la petite fille.
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Au début de l'affaire, des anonymes commencent à collecter des informations sur la famille Lelandais, sur Nordahl bien sûr mais aussi sur son frère Sven et la mère du suspect, qui s'exposent un peu dans les médias pour défendre l'ancien militaire qu'ils croient innocent. Mais rien sur Alexandra, qui reste en retrait et ne porte pas le même nom de famille. Jusqu'au jour où elle se fait identifier. "Peut-être que sur une vieille publication, j'ai laissé un message comme «Salut frangin». Ça a commencé comme ça".
Au-delà des nombreuses insultes, des faux comptes à son nom et des propos orduriers qui sont depuis monnaie courante, Alexandra essaie de rester rassurante: non, personne ne l'a jamais menacé physiquement alors que son identité est maintenant diffusée. Elle n'a pas eu de problème à son travail de secrétaire médicale, où ses collègues connaissent sa situation. "Mes responsables sont au courant car des pirates leur ont écrit pour leur dire de qui j'étais la sœur. Ils expliquaient même que c'est moi qui payait son avocat, ce qui est totalement faux. Je n'ai pas les moyens d'ailleurs…"
Alexandra assure d'ailleurs que rien n'a changé dans les centres de soins où elle exerce. Du moins pour cette partie de sa vie professionnelle. Car la sœur de Nordahl Lelandais développait en indépendant une autre activité: la fabrication de doudous pour les enfants, et leur vente en ligne. Un travail également identifié par les hackers qui ne la lâchent pas d'une semelle et investissent les sites où elle propose ses oeuvres sans apparaître pourtant sous son nom. Comme sur ce réseau où, entre ici une recommandation et là un remerciement, un commentaire surplombe le reste: "Ton frère est un assassin".
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"Mon activité indépendante est au point mort. Dès que je recrée une page, elle est rapidement piratée ou abreuvée de messages d'insultes. Alors je les ferme les unes après les autres. Et je perds mes clientes".
Quand on lui demande si elle veut malgré tout faire passer un message à la famille de la victime, Alexandra répond sans détour: "Je suis bouleversée. Les parents de Maëlys veulent que la petite hante mon frère. C'est moi qu'elle hante". Avant de finir sur un mot à ceux qui continuent de la pourchasser sur les réseaux sociaux: "Pourquoi vous faites ça?".
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