Fête aux Buttes-Chaumont : une affaire montée en épingle par les médias ?

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FranceSoir
Publié le 28 avril 2021 - 18:08
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Buttes Chaumont
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ALAIN JOCARD / AFP
Le parc des Buttes-Chaumont à Paris
ALAIN JOCARD / AFP

Suite à la fête spontanée à laquelle ont participé 200 personnes dimanche 25 avril au parc des Buttes-Chaumont, le parquet de Paris a indiqué ouvrir une enquête pour « mise en danger d’autrui » et « participation à un rassemblement de plus de six personnes ». Les risques de cluster en extérieur sont pourtant très minimes et cette fête n'avait été nullement organisée.

Une enquête ouverte par le parquet de Paris

Depuis ce week-end, c’est la vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux et suscite la polémique. On y voit une centaine de jeunes Parisiens, sans masque et ne respectant pas la distanciation sociale, danser sur de la musique au Parc des Buttes-Chaumont, situé dans le 19e arrondissement de Paris. Les fêtards ont fini par être dispersés dans le calme une heure plus tard par des agents de la mairie de Paris.

Filmées dimanche 25 avril par Rémy Buisine, journaliste pour le média Brut, les images de la fête improvisée ont immédiatement déclenché une vague de réactions insdignées, jusqu’à interpeller les membres du gouvernement. Interrogé le lendemain dans la matinale de LCI, Gabriel Attal a estimé que « ce sont des images qui ne sont pas admissibles ». « J’entends parfaitement la lassitude, et notamment des jeunes (...) mais il n’y aurait rien de pire que de gâcher les efforts faits ces derniers mois au moment où la situation commence à s’améliorer », a poursuivi le porte-parole du gouvernement, avant d’ajouter qu’il souhaitait que l’on retrouve les organisateurs de la fête. « À chaque fois qu’il y a un évènement comme celui-ci, il y a une enquête et on les poursuit », a ajouté Gabriel Attal.

Le préfet de Police Didier Lallement est du même avis. Selon FranceInfo, il aurait lui-même signalé les faits à la justice. Le parquet de Paris a donc ouvert une enquête lundi 26 avril pour « mise en danger d’autrui » et « participation à un rassemblement de plus de six personnes sur la voie publique ou dans un lieu ouvert au public ». Elle a été confiée au commissariat du 19e arrondissement de Paris.

Une affaire montée en épingle

Mais s’agissait-il vraiment d’un rassemblement volontaire et organisé, comme le suggèrent certains élus et internautes ayant fait part de leur consternation ? Dans une interview accordée à LCI, le maire du 19e arrondissement François Dagnaud estime qu’il s’agit d’une affaire montée en épingle par les médias. « En tout et pour tout, cette danse a dû durer entre 30 et 40 minutes maximum. C'est la force de l'image, l'image est bien faite, prise en gros plan. On a l'impression d'une méga teuf, mais a priori, on n'est pas du tout sur une fête organisée sur les réseaux sociaux en amont. » Selon l’élu, il s’agissait au départ d’une réunion d’un petit groupe de personnes célébrant un anniversaire avec une sono. « C’est le phénomène de groupe, d’entraînement qui a engendré cette situation », poursuit François Dagnaud, qui tient à rappeler que « tout s'est passé dans une ambiance très bon enfant, il n'y a pas eu de contestation, de résistance ou d'incidents » au moment de la dispersion.

Un exutoire pour les jeunes, de plus en plus isolés par la crise

Une version soutenue par David, l'un des jeunes ayant pris part à la fête. Interrogé par FranceInfo, il confirme le caractère improvisé du rassemblement. « Spontanément, les gens viennent et on peut très bien le comprendre parce qu’ils ont envie de s’amuser. On n’a plus de loisirs, plus de théâtre, plus de cinéma, plus de restaurant, plus de café. La seule chose qu’on peut faire, c’est se réveiller le matin, aller au boulot, revenir, dormir », résume David. Pour le jeune homme, ce rassemblement n’était qu’une « occasion de sortir de ce quotidien » alors que de plus en plus de jeunes souffrent du prolongement des restrictions sociales liées à la crise sanitaire.

Les chiffres lui donnent raison. Selon un sondage réalisé en janvier, 80 % des 15-30 ans estiment avoir "subi des préjudices importants" en raison de l'épidémie de Covid-19, que ce soit relatifs au pouvoir d'achat, à la santé mentale ou aux habitudes de vie. 79% pensent qu'il "est bien triste d'avoir 20 ans dans les années 2020".

Un risque de cluster très faible

Cette affaire de rassemblement festif « clandestin » aux Buttes-Chaumont n’est pas sans rappeler celle de Parisiens se promenant sur les quais de Seine le dernier week-end de février. Là encore, ils avaient été évacués par les forces de l’ordre à la demande de la préfecture de police. Pourtant, rappellent les experts, même si le risque zéro n’existe pas, il est peu probable qu’un rassemblement en extérieur ne se transforme en cluster.  « Ce qui provoque les clusters, ce sont en général les contaminations par aérosols. Ces micro-gouttelettes, qui restent en suspension dans l'air et qui, lorsqu'elles s'accumulent deviennent contaminantes, peuvent contaminer un grand nombre de personnes, si elles se trouvent dans la même pièce et que l'air n'y est pas renouvelé. Par définition, en extérieur, l'air est renouvelé tout le temps et ces aérosols ne peuvent pas s'accumuler », détaille pour FranceInfo Pascal Crépey, enseignant-chercheur au département d'épidémiologie et de biostatistiques de l'École des hautes études en santé publique.

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