Inondations à Nemours : solidarité et questionnements pour les évacués
"Combien de temps va-t-on rester ici ?", "Dans quel état je vais retrouver ma maison ?" Les sinistrés du centre de Nemours ont passé la nuit au sec au gymnase des Cherelles, mais la pluie qui tombe sans cesse sur la Seine-et-Marne fait grandir les interrogations.
Sous les panneaux de basket, 250 lits de camp ont été dépliés, les pièces annexes servent de salles à manger. Sur les gradins sont entassés des vêtements rangés par sexe et taille, des matelas, des jouets, des livres apportés par les habitants ou donnés par des grandes surfaces de la région.
"Incroyable", "parfait", "impec"... Les naufragés n'en reviennent pas de l'élan de solidarité dont font preuve les habitants, mobilisés par le bouche-à-oreille, les réseaux sociaux ou des collectes porte-à-porte. L'hôpital local a également fourni des médicaments nécessaires pour les bébés, les diabétiques.
"Ils n'ont pas choisi ce qui leur arrive. Ça me fait beaucoup de peine", explique Laetitia Sanchez Villares, 18 ans, venue jeudi matin avec ses deux cousines apporter des brioches, des couches, du gel douche, des lingettes...
"Toute cette solidarité me scotche", sourit Adi Abdallah, 27 ans, avec son petit Ayman, six mois, dans les bras. "Ça touche de voir tant de bénévoles, de jeunes, des scouts venus faire des animations", explique ce jeune Nemourien, arrivé de Paris il y a un an.
Pour entretenir le moral de sa compagne, inquiète, il garde le sourire. "Je ne veux pas montrer que ça m'affecte. Le souci, c'est l'après: comment on sera accompagné, est-ce qu'on aura un suivi", confie-t-il.
Dans cette ville de 13.000 habitants, privée en partie d'eau potable et d'électricité mais où l'eau du Loing a commencé à lentement refluer après une crue exceptionnelle, environ 2.000 personnes ont été évacuées.
"On ne sait pas combien de temps on va rester ici. On nous a dit qu'on pourrait partir au plus tôt samedi, mais c'est si les conditions s'améliorent. On n'a rien de précis", soupire un peu plus loin Vincent Boulassy, 56 ans, en pointant l'extérieur où la pluie tombe.
Avec son fils ainsi que son beau-frère et sa fille venus en visite de La Réunion, ils tuent le temps en jouant au jeu de société Labyrinthe. Plus loin, une fillette fait un puzzle avec une bénévole, deux garçons jouent au foot dans les buts de hand du gymnase, certains tentent de dormir.
La nuit a été "dure", raconte le beau-frère, William Royer: "On n'a pas trouvé le sommeil. Ils n'ont pas pu éteindre les lumières, et puis avec tout ce stress, l'inquiétude..."
Le Réunionnais connaît les catastrophes naturelles, il a vécu plusieurs cyclones et les pesanteurs administratives qui suivent. "Les procédures sont longues, j'ai dû attendre cinq mois pour être indemnisé, mais heureusement j'avais un toit", raconte ce quinquagénaire, dont le premier voyage en métropole sera "marqué à vie".
Dans le gymnase, les habitants arrivent en permanence, les bras chargés. On fait la chaîne pour décharger des matelas de la sécurité civile. Certains seront amenés dans les centres d'accueil voisins, comme le centre social ou la salle de fêtes réquisitionnés pour l'occasion.
Malgré l'accueil, le temps compte. Au fil des heures, les sentiments affleurent de plus en plus. Parfois les nerfs lâchent. Dans un couloir, à l'abri des regards, une jeune femme sanglote dans les bras de son compagnon.
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