L'avenir de l'orthographe dans le correcteur automatique ?
DÉPÊCHE — Un collectif d'universitaires ayant pris le nom de "Linguistes atterrés" estime que l'avenir de l'orthographe est dans le correcteur automatique, un outil qu'ils appellent à utiliser dès l'école pour "donner confiance" aux enfants. Une position encore très minoritaire en France.
Leur manifeste "Le français va très bien, merci" (éditions Gallimard, collection Tracts), qui paraît jeudi 25 mai, a déjà suscité des cris d'orfraie.
Ces 18 auteurs prennent pour cible des "idées fausses sur la langue française", selon lesquelles par exemple "les francophones écrivent de plus en plus mal". "Il faut en finir avec le mythe d'un âge d'or de l'orthographe. Les écrivains du XIXe siècle ne la connaissaient pas. Ils remettaient leurs textes à des spécialistes, des professionnels, qui étaient les imprimeurs et les éditeurs", explique par exemple Anne Abeillé, une des signataires, à l'AFP.
Aujourd'hui, "l'orthographe est restée figée à 1835, alors que la langue ne cesse d'évoluer. Il y a donc un décalage de plus en plus grand", selon elle. Pour ces linguistes, l'urgence serait plutôt d'apprendre aux élèves à utiliser un correcteur, vu qu'ils écriront toute leur vie avec un clavier.
"Au lieu de vouloir piéger les élèves, de distinguer qui sait quel mot prend deux t entre carotte et compote, donnons-leur les moyens d'écrire en ayant confiance", avance Maria Candea, une autre "linguiste atterrée".
À en croire leur réflexion, aucun intérêt à considérer "carote" et "compotte" comme fautifs. "La forme correcte d'aujourd'hui est souvent la faute d'hier", assurent-ils, en rappelant un exemple comme "formage" devenu "fromage".
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Pour les mêmes raisons, les "Linguistes atterrés" prônent également la disparition de la dictée, qu'ils trouvent contreproductive. Sur ce point, ils sont en désaccord avec le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, qui en souhaite une par jour.
D'autres propositions devraient alimenter le débat. Parmi elles, supprimer l'accord du participe passé après l'auxiliaire avoir et le complément antéposé. Ainsi, "les fleurs que j'ai offert" et "les fleurs que j'ai offertes" seraient deux formes correctes. Si l'idée fait son chemin depuis quelques années en Belgique ou au Canada, elle est encore très minoritaire en France.
Une vingtaine de linguistes défendant l'orthographe traditionnelle ont signé en réponse une tribune dans Le Figaro. Selon eux, il y a une forme de renoncement à vouloir être plus bienveillant envers les fautes. "À ce train-là, on peut supprimer l'enseignement de l'orthographe...", déplorent-ils.
Pendant ce temps, l'Éducation suédoise fait une croix sur les écrans qu'ils avaient donnés aux élèves, pour revenir aux bons vieux manuels scolaires.
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