La France a placé 4.483 enfants étrangers dans des centres de rétention administrative en 2015
Des pratiques "abusives" et "illégales", ce sont avec ces mots que cinq associations ont présenté le placement en rétention de personnes en situation irrégulière en France. Selon le rapport annuel de la rétention administrative en France en 2015, présenté ce mardi 28 par cinq associations (Assfam, Forum réfugiés-Cosi, France terre d’asile, la Cimade, Ordre de Malte France), près de 48.000 personnes ont été placées dans des centres et locaux de rétention administrative l'année dernière. Les auteurs de ce rapport dénoncent notamment "une privation de liberté banalisée alors que trop souvent l’enfermement est inutile, voire abusif et illégal".
Les associations dénoncent un enfermement massif et dans "la majorité des cas, absurde". A tel point que la privation de liberté serait devenue une mesure aussi "systématique" que "banale" sans prise en compte de la vulnérabilité des personnes concernées. C’est ainsi que des migrants en situation de handicap ou malades, des femmes enceintes, des mineurs, des victimes de traite ou de tortures ont pu se retrouver enfermés dans des centres de rétentions administratives (CRA).
Selon la loi, le placement en rétention est exclusivement destiné à préparer les renvois. Or, en 2015, seulement "46 % des personnes enfermées ont été effectivement éloignées, dont près de la moitié vers un Etat membre de l’Union européenne".
"Dans les CRA de métropole, leur nombre a plus que doublé par rapport à 2014, passant de 24 familles et 45 enfants à 52 familles et 105 enfants", précise le rapport commun des associations. Le candidat François Hollande s’était pourtant engagé, lors de sa campagne présidentielle de 2012, à mettre fin à la rétention administrative des enfants. "Alors que la rétention est toujours une expérience traumatisante pour les familles, la plupart des enfants retenus ont dû subir cet enfermement uniquement pour faciliter l’organisation logistique du départ", est-il expliqué par les associations.
La situation est encore pire à Mayotte, département français de l'océan indien, où 4.378 enfants, originaires des Comores et fuyant la misère de leur pays, sont enfermés. "Loin des yeux, loin du droit…", commente le rapport.
Les associations dénoncent une nouvelle fois cette politique de rétention administrative. La nouvelle loi sur le séjour des étrangers, promulguée en mars, préconise l’augmentation de l’assignation à résidence pour limiter ces privations de liberté.
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