Mulhouse : un prêtre soupçonné de viols sur plusieurs mineurs mis en examen

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Par Marc Antoine BAUDOUX, François D'ASTIER - Mulhouse (AFP)
Publié le 22 novembre 2018 - 21:13
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La procureure de Mulhouse, Edwige Roux-Morizot, au tribunal de Mulhouse, le 22 novembre 2018
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© SEBASTIEN BOZON / AFP
La procureure de Mulhouse, Edwige Roux-Morizot, au tribunal de Mulhouse, le 22 novembre 2018
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Un prêtre âgé d'une soixantaine d'années, a été mis en examen mercredi à Mulhouse et écroué, soupçonné de viols sur plusieurs mineurs dans les années 1980 et 1990, un "désastre" pour l'archevêque de Strasbourg qui craint de nombreuses victimes.

Arrêté mardi, le prêtre est poursuivi pour "viol aggravé sur mineur de 15 ans et viol aggravé par personne ayant abusé de l'autorité que lui conférait sa fonction sur mineur", a indiqué Edwige Roux-Morizot, procureur de la république de Mulhouse, au cours d'une conférence de presse.

Robert Bonan, curé de la communauté de paroisses du Haut-Florival, près de Mulhouse, a été interpellé mardi à son domicile après plusieurs plaintes de "personnes l'ayant côtoyé dans ses activités pastorales", a détaillé la procureure, sans toutefois préciser le nombre de plaintes déposées.

Les faits "très anciens, mais pas prescrits pour certains" remontent aux années 1980. Lors d'une perquisition effectuée au domicile du suspect, les enquêteurs ont recueilli "des éléments qui laissent à penser qu'il y aurait d'autres victimes", a poursuivi Edwige Roux-Morizot.

Selon une source proche de l'enquête, le matériel informatique de Robert Bonan a été saisi. "Il existe des charges importantes contre lui", a simplement commenté Edwige Roux-Morizot.

"Dans le cadre de son activité pastorale, nous savons qu'il a été en lien avec de très jeunes gens et, dans cette mesure, il n'est pas exclu qu'il puisse y avoir des victimes qui n'ont pas encore parlé", a-t-elle observé, invitant les personnes concernées à "prendre contact" avec les services de gendarmerie du Haut-Rhin.

"C'est aux personnes qui ont porté leur témoignage, en grande souffrance, et à leurs familles, que nous pensons en tout premier", a réagi Luc Ravel, archevêque de Strasbourg. "J'assure les services de la justice de notre collaboration pleine et entière, et j'appelle moi aussi les autres éventuelles victimes à se manifester", a-t-il ajouté.

- "Posture rigide, autoritaire" -

"Pour moi si les faits sont prouvés c'est un désastre, je tremble à l'idée que ce prêtre ait pu faire de nombreuses victimes", a encore déploré Mgr Ravel, qui n'est en poste à Strasbourg que depuis un an et demi.

Agé de 63 ans selon la procureur, de 60 ans selon l'archevêque, Robert Bonan avait été ordonné prêtre en 1987. Il a notamment passé 13 ans à Lutterbach, en banlieue de Mulhouse, où "il ne faisait pas l'unanimité", selon Mgr Ravel, avant de changer d'affectation voilà deux ans.

"Le père Bonan a eu les plus grandes difficultés à quitter Lutterbach. Je vous donne les faits, après on peut relire comme on veut, ça faisait 13 ans qu'il était là-bas", a expliqué l'archevêque.

"Il s'était mis à dos une partie de la communauté dans sa posture rigide, autoritaire. On lui reprochait un durcissement, une incapacité à écouter le chef de choeur, la chorale... des choses sur lesquelles je ne pouvais pas, et mes prédécesseurs qui ont géré son changement d'affectation, ne pouvions pas deviner un abus sexuel de cet ordre."

"En toute transparence, je n'ai pas l'ombre d'un élément, témoignage, trace écrite ou autre, qui pourrait me faire dire que quelqu'un aurait été averti au niveau du diocèse de faits qu'on qualifie aujourd'hui de viol aggravé", a-t-il insisté, remerciant au passage la presse "qui nous aide depuis 2002 à faire la lumière sur des vérités qui ont beaucoup de peine à émerger".

Mgr Ravel connaissait un peu l'abbé Bonan, qu'il avait vu pour la dernière fois le mois dernier lors de "la marche de la paix le 23 octobre à Schweighouse", dans le Bas-Rhin.

Début septembre, le prélat avait publié une lettre pastorale pour appeler l'Eglise à "changer en profondeur", dénonçant le "cancer des abus sexuels" commis par des prêtres. Il avait alors évoqué une "trentaine de cas en Alsace" dont le plus ancien remontait à 1948.

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