Paris - policier agressé à Notre-Dame : ce que l'on sait
L'auteur de l'attaque au marteau d'un policier devant Notre-Dame de Paris a été interrogé mercredi par les enquêteurs qui tentent de comprendre comment cet universitaire algérien de 40 ans, inconnu des services de renseignement, est passé à l'acte.
L'homme, porteur de papiers au nom de Farid I., né en Algérie en janvier 1977, "a commencé à être entendu par les enquêteurs" depuis l'hôpital où il est soigné et où il avait été placé en garde à vue mercredi matin après avoir été blessé à une cuisse par des tirs de riposte d'un collègue du policier agressé, a indiqué une source proche de l'enquête.
"Pour le moment il répond aux questions", selon cette source.
Le policier agressé, 22 ans, souffrant d'"une bosse" et d'"un petit trauma crânien, rien de méchant" selon ses propres dires, est lui sorti de l'hôpital mais a bien cru y "laisser (sa) vie".
Farid I. n'avait pas "donné de signes de sa radicalisation" et toutes les indications confirment la thèse "d'un acte isolé", a affirmé à RTL le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, au lendemain de ce nouvel attentat jihadiste visant la France.
Les policiers ont retrouvé dans l'appartement qu'il louait dans la banlieue de Paris une vidéo dans laquelle il prête allégeance à l'organisation jihadiste État islamique (EI), selon une source proche de l'enquête.
En attaquant un membre d'une patrouille de police sur le parvis de l'édifice catholique, en plein coeur du Paris touristique, l'agresseur a revendiqué être "un soldat du califat", un terme utilisé pour désigner le califat autoproclamé en juin 2014 par l'EI.
Dans une séquence qu'il a filmée dans la nuit précédant l'attaque, vraisemblablement à son domicile avec son appareil photo, il fait allégeance à l'autoproclamé "calife" du groupe, Abou Bakr Al-Baghdadi, en se mettant en scène devant une photocopie du drapeau noir de l'EI accrochée à un mur, a décrit une source proche de l'enquête.
Les policiers, qui s'interrogent sur son parcours de radicalisation, tentent de faire parler un ordinateur qu'il avait avec lui lors de l'attaque, mais aussi son appareil photo, un téléphone portable, une clé USB et une carte mémoire.
L'homme, qui était également muni de deux couteaux de cuisine, a crié "c'est pour la Syrie" au moment où il frappait le policier, a rapporté mardi le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, en référence à la coalition militaire internationale à laquelle participe Paris pour éradiquer l'EI en Irak et Syrie.
Il renseignait un touriste lorsqu'un homme lui a assèné un coup de marteau derrière la tête. A ce moment là, "je me jette au sol (...). Je me dis que le mec est déterminé, que si le collègue ne réagit pas, je vais y laisser ma vie", a raconté mercredi sur Europe 1 le policier.
Depuis 2015, la France est ciblée par une vague d'attentats qui ont fait 239 morts, les dernières attaques visant particulièrement les forces de l'ordre.
Cette attaque a par ailleurs eu lieu trois jours après un nouvel attentat au Royaume-Uni, revendiqué par l'EI: samedi soir à Londres, trois hommes ont foncé dans la foule avec une camionnette, avant de poignarder des passants, faisant 8 morts et une cinquantaine de blessés.
- "Pas d'antécédents psychiatriques" -
Farid I. était inscrit depuis 2014 comme doctorant en sciences de l'information de l'université de Metz.
Sans "antécédents psychiatriques connus à ce stade" selon une source proche de l'enquête, il était "aux antipodes de tout ce qu'on décrit", a affirmé à l'AFP son directeur de thèse, Arnaud Mercier, qui le connaît depuis 2013.
Son étudiant "chétif, calme, affable", "défendait des valeurs de la démocratie", selon lui.
Interrogée par l'AFP, l'université d'Uppsala, au nord de Stockholm, a confirmé que Farid I. avait été étudiant de ce prestigieux établissement entre 2009 et 2011, date à laquelle il a été diplômé en journalisme.
Selon le tabloïd suédois Expressen, il était marié jusqu'en 2005 à une Suédoise et a quitté le pays en 2013.
Selon une fiche à son nom sur le site professionnel Linkedin, Farid I. dit avoir dirigé un journal local à Béjaïa, en Kabylie, et travaillé pour le quotidien algérien El Watan, connu pour sa ligne anti-islamiste.
En Algérie, son allégeance à l'EI est qualifiée d'"inimaginable" par Kamel Medjoub, qui l'avait recruté à Béjaïa.
Si Farid I. faisait sa prière "comme tout le monde", ce "progressiste" n'avait "rien à voir avec le courant extrémiste", a assuré Sofiane I., son neveu, qui vit dans cette ville située à 250 km d'Alger.
"L'an passé, quand il est venu en vacances, nous avons discuté de la situation au Moyen-Orient. Il disait ne pas croire en cette organisation (l'EI) et a même qualifié al-Baghdadi +d’abruti+", a-t-il raconté.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.