Prêtres pédophiles : la complicité de l'Eglise fait scandale aux Etats-Unis

Auteur(s)
La rédaction de France-Soir
Publié le 20 août 2018 - 17:56
Image
Trois mineurs ont été mis en examen pour avoir menacé un prêtre à Toulon
Crédits
© FRANCOIS GUILLOT / AFP/Archives
Le rapport dénonce les agressions sexuelles commises par les prêtres et la complicité des évêques.
© FRANCOIS GUILLOT / AFP/Archives
Dans un vaste rapport portant sur des milliers d'agressions pédophiles commises par des prêtres catholiques américains, un grand jury de Pennsylvanie a largement mis en cause le rôle de l'Eglise. Des documents montrent que la hiérarchie des prêtres n'hésitait pas à minimiser ou dissimuler les faits, plus préoccupée par les conséquences du scandale que du sort des victimes.

Au moins 1.000 victimes de quelque 300 prêtres pédophiles identifiées sur plusieurs décennies, et surtout la complaisance, voire la complicité de l'Eglise catholique clairement dénoncée. Le rapport d'un grand jury de Pennsylvanie remis mi-août est accablant pour le Vatican, alors que celui-ci tente, malgré les scandales, d'afficher une position nouvelle sur la question.

La quasi-totalité des faits sont prescrits. Seuls deux cas récents ont été communiqué à ces 23 citoyens formant le grand jury, entité qui peut dans certains cas accomplir un travail d'instruction auprès de la justice américaine.

Ces deux cas pourraient donner lieu à des procès, mais il s'agissait surtout de nommer les responsables, dont beaucoup sont morts depuis, et de reconnaître leur statut aux victimes. En compilant près d'un demi-million de pages de document internes à l'Eglise pendant deux ans, le grand jury a surtout révélé comment les prêtres accusés de pédophilie pouvaient compter sur leur hiérarchie pour ne pas être inquiétés.

Voir: USA - une enquête accuse 300 prêtres de pédophilie, plus de 1.000 enfants victimes

Dans ces documents nommés par l'Eglise elle-même "archives secrètes" et conservés sous clés par les évêques, les membres du grand jury ont découvert les détails ignobles d'agressions et de dissimulation: avortement organisé pour masquer les conséquences du viol, mutations en catimini sans éloignement particulier des enfants, minimisation des faits "réglés" directement avec les familles pour éviter le scandale...

Le rapport de 1.356 pages évoque par exemple la lettre d'un évêque qui "partage le chagrin" en ce "moment très difficile" pour le prêtre, pas pour la victime. Une autre réponse explique que l'agression n'est pas "nécessairement horriblement traumatisante".

Les enfants concernés ont quant à eux "été balayés d’un revers de main, dans chaque coin de l’Etat, par des dirigeants de l’Eglise qui préféraient protéger les agresseurs et leur institution avant tout", juge le rapport.

"Ce n'est plus l'Eglise d'aujourd'hui", a répondu l’évêque de Greensburg. Et si le grand jury reconnaît les progrès faits depuis 15 ans pour informer les autorités et sur l'écoute des victimes, il dénonce sans ambages la gravité du silence des institutions: "Des prêtres violaient des petits garçons et des petites filles et les hommes de Dieu qui en étaient responsables non seulement n’ont rien fait, mais ils ont tout caché. Pendant des décennies. Des monseigneurs, des évêques auxiliaires, des évêques, des archevêques, des cardinaux ont été largement protégés. Beaucoup, y compris certains nommés dans ce rapport, ont été promus. Jusqu’à ce que cela change, nous pensons qu’il est trop tôt pour refermer le livre des scandales sexuels de l’Eglise catholique".

Le grand jury recommande notamment la fin de la prescriptions pour les affaires de pédophilie, débat qui est également présent en France.

Lire aussi:

Pédophilie aux Etats-Unis: le pape condamne "avec force ces atrocités"

Pédophilie au sein de l'Eglise: les silences du cardinal Barbarin jugés en janvier

"Spotlight": comment le "Boston Globe" a fait trembler l'Eglise catholique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.