Procès de Karl Rose : l'enfance du tueur d'Istres, entre soupçons d'inceste et manque d'amour
"J'ai l'impression de lui avoir mis le fusil à l'épaule": la mère de Karl Rose, un jeune homme jugé pour avoir tué trois personnes au hasard à Istres (Bouches-du-Rhône) en 2013, a dit ce lundi 9 se sentir "responsable de ne pas avoir su élever son fils". "Je fais partie du passage à l'acte. (Pour les armes,) je savais, j'avais découvert", explique la mère de l'accusé devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence, en sanglotant: "J'ai l'impression de lui avoir mis le fusil à l'épaule. Je suis responsable parce que je suis sa mère et qu'une mère, ça doit réagir".
S'adressant aux familles de Serge Shorjian, Patrice Martinez et Pierre Tanneux, que son fils a abattus sans raison le 25 avril 2013 avec une Kalachnikov qu'il avait achetée sur internet et lui-même remise en état, elle fait part de ses regrets: "Je suis navrée, je sais très bien que ce n'est pas suffisant. Je peux faire quoi ? Je ne peux pas remonter le temps".
Elle explique encore avoir reproduit un schéma familial, ayant été elle-même élevée sans amour: "Mon fils a enduré ce que moi-même j'avais subi. Peut-être même en pire (...) j'ai été élevée comme une corvée et j'ai un peu élevé mon fils pareil". "Je ne lui ai même pas donné ce que j'ai eu, c'est-à-dire pas grand chose. C'est sûr, il n'a pas manqué de jouets ou d'habits... Mais je parle du principal, ce avec quoi on se construit", poursuit-elle. "T'as vraiment une case de vide, tu parles de toi, de toi... Ta gueule", l'interrompt son fils, sur un ton cassant.
Evoquant les accusations d'inceste que porte Karl Rose contre son père, elle dit avoir "plus que des doutes", mais ne peut "rien affirmer". Dès le début du procès, Karl Rose avait mis en avant "les séquestrations" de sa mère et les "saloperies" de son père pour expliquer sa "haine des adultes" et son passage à l'acte.
Le père, lui, dément tout inceste. Devant la cour, il revient sur des images pédopornographiques retrouvées sur son ordinateur: "un service" rendu à "un pauvre monsieur" lorsqu'il était gardien d'immeuble, assure-t-il. Il avait pourtant expliqué au juge d'instruction qu'il était difficile de savoir si les filles étaient majeures ou mineures sur les images, rappelle Thierry Ospital, un des avocats de son fils.
Gilles Rose, qui a reconnu à la barre "avoir pris de la drogue et braqué des dealers" dans un lointain passé, explique également avoir pris les intentions homicides de son fils pour "de la provocation". "Si j'avais eu une boule de cristal, c'est peut-être moi qui l'aurait tué", jure-t-il.
Un peu plus tôt, c'est un jeune homme de 28 ans, qui vient de finir un BTS en informatique, qui évoque sa relation avec Karl Rose -- qui l'avait décrit comme son seul ami. Nicolas Mallet raconte leur rencontre via des jeux en ligne, et comment il était devenu son confident via Skype, jusqu'à prendre "une place démesurée" dans sa vie.
Karl Rose avait reçu un appel de Nicolas Mallet peu après les faits, le 25 avril 2013 après-midi, alors qu'il était en garde à vue. Il avait immédiatement raconté aux enquêteurs que son "ami" parisien avait l'intention de commettre un attentat. Nicolas Mallet s'était fait interpeller très rapidement par les forces de l'ordre, en bas de chez lui. Après une enquête poussée, il avait été mis hors de cause.
Interrogé par le président Pascal Guichard, il a reconnu que Karl Rose lui avait fait part "de ses envies de meurtres". "Il se rêvait comme une sorte de Rambo, comme un tueur de masse, il voulait faire souffrir en général", raconte-t-il, tout en minimisant l'importance de ces discussions dans leur relation. "Sur le total de nos conversations, ça faisait moins de 5%".
Trois semaines avant les faits, Karl Rose lui avait également assuré avoir "tué un gitan et enterré son corps avec de la chaux". "J'ai fait une recherche Google, j'ai rien trouvé. (...) Je ne sais toujours pas si c'est vrai". Le procès doit s'achever en fin de semaine.
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