Saccage d'une mosquée à Ajaccio : incompréhension et indignation

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 26 décembre 2015 - 16:11
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Une salle de prière saccagée.
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©Pierre-Antoine Fournil/AFP
Un groupe de personne a saccagé la salle de prière au son de cris xénophobes.
©Pierre-Antoine Fournil/AFP
Le saccage d'une salle de prière musulmane vendredi soir à Ajaccio a entraîné de nombreuses réactions indignées des politiques et des responsables musulmans de France, même si le calme était revenu ce samedi dans le quartier.

Le calme est revenu samedi matin à Ajaccio, où de nombreux policiers avaient été déployés la veille après le saccage d'une salle de prière musulmane, qui a suscité une vague de condamnations dans l'île comme sur le continent.

Le sous-préfet François Lalanne a indiqué à l'AFP que la nuit avait été "calme" dans la cité impériale, "très fortement encadrée par des effectifs des forces de l'ordre" pour éviter d'éventuels autres incidents. Ce samedi, plusieurs cars de CRS ont été déployés dans le quartier, a constaté une correspondante de l'AFP. Le préfet de Corse Christophe Mirmand avait décidé vendredi soir une surveillance des lieux de culte musulman.

Les incidents avaient débuté dans la nuit de jeudi à vendredi, lorsque un incendie avait été "volontairement allumé" dans les Jardins de l’Empereur, une cité populaire sur les hauteurs de la ville, "pour attirer les forces de l’ordre et les pompiers dans un guet-apens", selon M. Lalanne. Deux pompiers puis un policier ont alors été blessés par des jets de projectiles lancés par "de nombreux jeunes encagoulés" de ce quartier.

Vendredi, une manifestation pacifique de soutien aux pompiers et policiers a rassemblé quelque 600 personnes devant la préfecture d'Ajaccio mais, en fin de journée, environs 300 d'entre-elles ont rejoint le quartier des Jardins de l'Empereur.

Scandant pour certains "Arabi fora (les Arabes dehors, NDLR)!" ou "On est chez nous!", dans une ambiance particulièrement tendue, ces manifestants ont d'abord affirmé vouloir retrouver les auteurs de l'agression de la veille. Un petit groupe s'est ensuite détaché pour saccager une salle de prière musulmane. Les casseurs ont tenté de mettre le feu, puis n'y arrivant pas, ont cherché à brûler une cinquantaine de livres, dont des exemplaires du Coran. Un restaurant Kébab a été également dégradé.

Ces actes ont été immédiatement condamnés: le Premier ministre Manuel Valls a dénoncé une "agression intolérable de pompiers" et une "profanation inacceptable d'un lieu de prière musulman", tandis que Bernard Cazeneuve évoquait "(des) exactions intolérables, aux relents de racisme et de xénophobie, (qui) ne sauraient rester impunies tant elles portent atteinte aux valeurs mêmes de la République". "Honte à ceux qui ont attaqué, brûlé un lieu de culte musulman. Tout le monde doit réagir", a twitté le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis.

Le Front national a estimé que "quand les citoyens ont le sentiment légitime que l'Etat ne fait plus régner l'ordre républicain, quand ils voient des pompiers et des policiers pris en embuscade dans un des innombrables ghettos que compte la France, il y a le risque évident qu'ils veuillent se faire justice eux-mêmes, et que des violences malheureusement s'en suivent".

Le préfet de Corse Christophe Mirmand a affirmé que "tous les moyens" étaient mis en œuvre pour retrouver les auteurs des violences contre les pompiers ajoutant que les "menaces de ce (vendredi) soir n'étaient pas acceptables".

L'Observatoire national contre l'islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM) a lui dénoncé une agression "qui se déroule en un jour de prière pour les musulmans et pour les chrétiens", Noël tombant cette année juste après le Mouled, la fête musulmane qui commémore la naissance du prophète Mahomet. Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande mosquée de Paris, s'est dit, "consterné et attristé", et a lancé un appel au "calme, au sang-froid et à l'apaisement".

Les dirigeants nationalistes, qui viennent de prendre les rênes de la collectivité territoriale de Corse, ont aussi fermement dénoncés ces violences: le président du conseil exécutif, Gilles Simeoni a condamné "des actes racistes complètement contraires à la Corse que nous voulons", après avoir affiché son soutien aux pompiers blessés, comme l'avait également fait le président de l'assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni.

Enfin, de nombreux Ajacciens, qui avaient pris part à la manifestation devant la préfecture vendredi, ont vivement déploré ces débordements dès qu'ils ont appris l'attaque de la salle de prière: "c'est pas le propos, c'est pas le débat", a dit l'un d'eux à une correspondante de l'AFP.

 

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