Surpopulation carcérale : construire des prisons, vraiment la solution ?
La grogne des surveillants pénitentiaires illustre une nouvelle fois le manque de moyens alloués au système carcéral et régulièrement dénoncé. Outre les effectifs de gardiens, c'est la surpopulation et l'état des prisons, facteur de tension et handicap à la réinsertion, qui est régulièrement pointé du doigt.
Un problème qui n'a rien de nouveau et que la construction de prisons ou le développement des peines alternatives n'a pas permis d'endiguer. En effet, depuis 1990, la capacité opérationnelle (le nombre de places) des établissements pénitentiaires a augmenté de manière presque continue, passant de 36.615 à 58.681 au 1er janvier 2017 (source ministère de la Justice).
Voir: La grogne des gardiens de prison ravivée par une nouvelle agression
Pourtant, la densité carcérale est toujours restée problématique. Depuis 18 ans, le nombre de places n'a été supérieur au nombre de détenus qu'en 2001 avec un chiffre de 98,4 pour 100 places. Mais entre 1990 et 2017, il n'est au final passé "que" de 124 à 116,6, connaissant des hausses et des baisses au fil des années et quelle que soit la majorité au pouvoir.
Il faut noter qu'il s'agit là d'une moyenne et que la réalité varie d'une prison à l'autre. Ainsi, au 1er janvier 2017, 131 établissements carcéraux n'étaient pas en situation de surpopulation carcérale contre 124 qui l'étaient. Mais surtout, 46 affichaient une densité supérieure à 150% dont 4 supérieure à 200%.
Lire aussi: Prisons, face à une situation déplorable, la piste des centres "ouverts"
L'incapacité à absorber le nombre de détenus résulte d'un fait simple. Celui-ci a augmenté en même temps que le nombre de places. En 1990, la France comptait 45.420 prisonniers. Elle en compte désormais 68.432. Un chiffre qui monte à près de 79.000 si l'on compte les écroués "non-détenus" qui bénéficient de peines aménagés qui n'existaient pas il y a 20 ans.
Une situation qui montre bien pour certaines associations qu'augmenter le nombre de places ne constitue pas une réponse viable à la surpopulation carcérale et donc à l'efficacité des peines. Pour l'Observatoire international des prisons, cela démontre que "plus on construit, plus on remplit" (lien source).
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.