Toulouse : le sans-papier qui avait sauvé un homme de la noyade sorti du centre de rétention
Il pensait recevoir une médaille pour son courage, on l’a incarcéré et menacé d’expulsion. Ce vendredi, La Dépêche du Midi rapporte l’histoire peu banale de Rachid Djaoued, orphelin originaire d’Algérie arrivé en France il y a neuf ans, et sans papiers depuis.
L’histoire commence une nuit de septembre. Il est 1h du matin et Rachid Djaoued, 24 ans, se promène à vélo dans Toulouse quand il aperçoit d’un homme d’une quarantaine d’années se jeter dans la Garonne. Sans hésiter, le jeune homme plonge et le rattrape à temps avant de le ramener sur la berge. "Là, je lui ai fait un massage cardiaque et du bouche-à-bouche", a raconté Rachid au Figaro. "Et je suis resté avec lui jusqu'à ce que les pompiers arrivent". L’homme est en vie et pris en charge par les secours. Un mois plus tard, Rachid, qui a laissé ses coordonnées aux policiers, reçoit une lettre de la préfecture le récompensant de son courage, et lui promettant une récompense, dit-il.
Mais, le 20 novembre, le jeune homme se fait interpeller dans la maison qu’il squatte dans le Gers avec ses amis. La lettre de la préfecture qu’il montre aux policiers ne convainc personne et la préfecture du Gers lui ordonne de quitter le territoire. Ses amis et lui sont placés en garde à vue pour suspicion de recel de vols. Il est ensuite envoyé au centre de rétention administrative de Toulouse à Cornebarrieu. Il est finalement libéré au bout de six jours, son avocate ayant réussi à prouver au juge des libertés et de la détention qu'il avait été interpellé de manière irrégulière.
"Sur leur procès-verbal d'intervention, les gendarmes affirment avoir pénétré dans la maison de Lisle-Jourdain dans le cadre d'une procédure de flagrant délit. Or ils n'en avaient pas reçu l'ordre du parquet, et aucune infraction constatée ne justifiait l'entrée des forces de l'ordre dans le squat", a déclaré Me Barbot-Lafitte. Par ailleurs, le PV d'intervention de la gendarmerie confirme que Rachid Djaoued était en possession d'un courrier de la préfecture de la Haute-Garonne lorsqu'il a été entendu. Mais les autorités ont jugé "contestable" l’authenticité de cette lettre qui a ensuite disparu du dossier.
La préfecture de la Haute-Garonne assure qu'elle ne s'est jamais engagée à récompenser le jeune homme."Nous l'avons bien contacté pour vérifier son identité et nous assurer qu'il était l'auteur du sauvetage signalé en septembre dernier, mais la décision de le décorer n'a pas été prise", a déclaré Olivier Delcayrou, directeur de cabinet du préfet de région lors de l'audience.
Aujourd’hui, Rachid est de nouveau dans la rue et toujours sans titre de séjour. S’il peut se faire interpeller et retourner au centre de rétention administrative n'importe quand, le jeune homme ne désespère pas et attend encore sa médaille.
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