Viols, fuite, pressions ou "machination" : pourquoi Tariq Ramadan est-il toujours en détention provisoire ?
Les accusations de viols qui ont valu début février à Tariq Ramadan une mise en examen et sa mise sous écrou sont dénoncées par son entourage comme une "machination". Il s'offusque notamment du fait que l'islamologue controversé soit maintenu en détention provisoire.
Cette procédure n'est en effet possible que lorsque les juges craignent que laisser le suspect en liberté nuise au bon déroulement de l'enquête ou à la sécurité des personnes, et que le contrôle judiciaire ou le port d'un bracelet électronique leur apparaissent insuffisants.
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Selon RTL, Tariq Ramadan cumulerait pour la justice plusieurs critères de risques, dont la crainte qu'il commette d'autres viols d'ici un éventuel procès. La radio a pu consulté la décision de son maintien en détention, laquelle noterait qu'il est "à craindre que l'islamologue renouvelle les faits de viol s'il était remis en liberté, même placé sous contrôle judiciaire ou muni d'un bracelet électronique".
Cette conclusion serait notamment motivée par le fait que plusieurs victimes présumées auraient eu des déclarations concordantes quant au "comportement sexuel brutal" de Tariq Ramadan. L'article 144 du code de procédure pénale prévoit notamment que la détention provisoire peut être décidée pour "mettre fin à l'infraction ou prévenir son renouvellement".
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Elle sert également à "garantir le maintien de la personne mise en examen à la disposition de la justice". Or, les juges auraient également considéré qu'il existe un risque de fuite à l'étranger du mis en examen de nationalité suisse, pays qui n'est pas tenu d'extrader ses nationaux.
Enfin, la détention provisoire doit "empêcher une pression sur les témoins ou les victimes ainsi que sur leur famille". Et dans cette affaire "les deux partis civiles ont indiqué avoir état de menaces de la part de Tariq Ramadan", préciserait la décision.
Elle expliquerait également que le diagnostic concernant la sclérose en plaques dont Tariq Ramadan dit souffrir et qu'il avait invoquée pour être remis en liberté n'est pas "certain".
Une pétition pour obtenir la libération de Tariq Ramadan avait recueilli plus de 115.000 signatures ce mardi 27. La cagnotte censée l'aider à payer ses frais de justice plus de 107.000 euros.
La pétition en question dénonce notamment des "allégations infondées", "l’implication malveillante des médias" et avance l'existence de "preuves d'implications confidentielles de personnalités politiques et judiciaires de haut niveau".
Tariq Ramadan a été mis en examen pour viols le 2 février dernier. L'une des deux plaignantes, une femme de 40 ans qui a choisi le pseudonyme de "Christelle" et souffre d'un handicap physique, accuse l'universitaire de l'avoir violée et frappée lors de leur unique rencontre à Lyon en 2009.
La seconde plaignante, Henda Ayari, accuse, elle, Tariq Ramadan de l'avoir violée à Paris en 2012. Cette ancienne salafiste devenue militante féministe avait déjà raconté la scène dans son autobiographie en 2016, mais en désignant son agresseur présumé par un pseudonyme.
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