Coronavirus : la "vague" enfle et le confinement pourrait se prolonger
La "vague" enfle et le confinement pourrait se prolonger en France, où l'épidémie de coronavirus a tué au moins 674 personnes, dont pour la première fois un médecin hospitalier, et entraîne des hospitalisations toujours plus nombreuses.
Le stress est là et l'armée des soignants a perdu son premier soldat, avec le décès d'un médecin urgentiste annoncé par le ministre de la Santé: un médecin de 67 ans à Compiègne (Oise), décédé après avoir pris en charge les premiers patients atteints du coronavirus.
Entre samedi et dimanche, 112 décès supplémentaires ont été enregistrés dans les hôpitaux, sachant que d'autres décès ont probablement eu lieu en ville ou dans les Ehpad, a annoncé Jérôme Salomon, directeur général de la Santé (DGS).
Le nombre de patients hospitalisés a atteint 7.240, dont 1.746 le sont en réanimation (avec environ un tiers de ces cas graves âgés entre 40 et 65 ans).
"La situation va continuer de s'aggraver ces prochains jours avant que les effets d'un confinement strict ne fasse ralentir l'épidémie", a lancé le DGS, en écho aux propos du président Macron dans le Journal du dimanche: "La vague est là".
- Prolongation en vue -
Au terme d'un premier week-end de confinement, les autorités préparent le terrain à la prolongation de cette mesure inédite, pour l'instant décrétée jusqu'à fin mars, comme le demandent de nombreuses voix dans le monde médical.
Le conseil scientifique créé sur le Covid-19 doit se prononcer lundi sur ce sujet. Le gouvernement prendra alors sa décision mais un allongement paraît déjà "probable", a déclaré sa porte-parole Sibeth Ndiaye dimanche sur LCI.
Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer envisage pour sa part un retour des élèves en classe le 4 mai, selon "l'évolution de l'épidémie".
Le gouvernement, dont un troisième membre (Emmanuelle Wargon) a été "diagnostiquée" positive, a par ailleurs été enjoint dimanche par le Conseil d'Etat de revoir d'ici 48 heures certaines dérogations de déplacements, notamment pour motifs de santé ou pour une pratique sportive.
En refusant cependant d'ordonner le "confinement total" réclamé en urgence par certains médecins.
- Amendes et prison -
Sur près de 1,8 million de contrôles, un total de 91.824 infractions pour non-respect du confinement ont été relevées depuis la mise en place de cette mesure mardi, selon Alain Thirion, directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises.
Conséquence de ce respect aléatoire: les sanctions ont été durcies: les 135 euros d'amende forfaitaire passeront ainsi à 1.500 euros en cas de récidive "dans les 15 jours" et "quatre violations dans les trente jours" pourront valoir "3.700 euros d'amende et six mois de prison au maximum".
Sur le terrain, les couvre-feux s'étendent, de Charleville-Mézières (Ardennes) tout le littoral des Alpes-Maritimes, en passant par Perpignan (Pyrénées-Orientales).
Dans les hôpitaux, le décès du premier médecin a renforcé l'inquiétude des soignants sur la pénurie de matériel de protection.
Malgré l'annonce ce week-end de commandes pour plus de 250 millions de masques. Le stock actuel est de l'ordre de 86 millions de masques, alors que les besoins sont estimés par M. Véran à "24 millions de masques par semaine".
Priorité va être donnée pour la distribution de ces masques aux personnels de santé, en ville comme à l'hôpital, et aux personnes intervenant auprès des personnes âgées, selon M. Véran.
- Évacuations -
Concernant l'utilisation de tests, réservés à certaines catégories de populations (fragiles, âgées, femmes enceintes, etc.), le gouvernement infléchit peu à peu sa doctrine et entend pouvoir "multiplier" les tests, mais seulement au moment de "la levée du confinement".
Pas de dépistage massif immédiat, comme l'a par exemple pratiqué avec un succès apparent la Corée du Sud. Car il n'y en a tout simplement pas assez de tests en France, selon le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy.
Sur le terrain, les structures hospitalières saturent dans certaines régions très affectées, comme en Alsace d'où l'armée a évacué une douzaine de patients vers d'autres régions et installe à Mulhouse un hôpital de campagne, qui devrait être opérationnel en début de semaine.
Quelques patients ont aussi été évacués vers l'Allemagne et la Suisse frontalières.
Du côté des traitements, un essai clinique a été lancé dimanche dans au moins sept pays européens pour tester quatre traitements expérimentaux contre le coronavirus, dont l'hydorxychloroquine promue de Dr Raoult, et qui va inclure en tout 3.200 patients, dont 800 Français.
- Etat d'urgence -
Après quatre jours de débats intenses, le Parlement a adopté définitivement dimanche le projet de loi permettant l'instauration d'un "état d'urgence sanitaire" de deux mois face à l'épidémie, qui encadre la restriction des libertés publiques (confinement, réquisitions...).
Sur le front économique, face au "tsunami" de la récession qui s'annonce, le texte autorise le gouvernement à prendre par ordonnances une série de mesures pour soutenir les entreprises. Le ministère de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a annoncé un nouveau report du paiement des cotisations sociales dues début avril.
La fédération CGT du commerce et des services a regretté de son côté un premier décès dû au Covid-19 dans la distribution: un responsable de la sécurité d'un centre commercial, en région parisienne. Le syndicat a déploré que "le profit passe avant la vie".
Pour l'heure, 43% des Français seulement se déclarent confiants en ce qui concerne la façon dont le gouvernement gère la crise, selon le baromètre quotidien BVA pour Orange et Europe 1, soit 12 points de moins que lors de la première mesure, entre mercredi et jeudi. Et huit sur dix pensent que le pire est à venir.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.