Encres de tatouage : l’UFC-Que choisir tire la sonnette d’alarme
NDLR : cet article fait l’objet d‘un droit de réponse publié en bas.
Un joli tatouage sur la peau pourrait vite tourner au cauchemar. Une étude de l’UFC-Que Choisir, publiée jeudi 18 février, révèle que les trois-quarts des encres de tatouage les plus utilisées en France contiennent des substances indésirables.
Présence de produits cancérigènes, neurotoxiques ou allergisants
L’association a effectué des tests en laboratoire sur les vingt encres les plus communes en France, seules cinq répondent aux normes attendues. Pour en arriver à ce résultat, le laboratoire a testé les couleurs les plus fréquemment utilisées par les tatoueurs : le rouge, le noir, le vert et le jaune. Le résultat est accablant : « il y a des « ingrédients cancérogènes, des conservateurs bannis des cosmétiques et des colorants interdits », annonce l’UFC-Que Choisir. Notamment, au cours des tests, la présence de dérivés d’hydrocarbures toxiques dans l’encre noire et la présence de pigments nocifs contenus dans les encres de couleur sont révélées. L’association dénonce donc la « présence de produits cancérigènes, neurotoxiques ou hautement allergisants » dans 75% des encres présentes dans les salons de tatouage en France.
Au vu de ces résultats alarmants, l’association de défense des consommateurs a annoncé saisir « la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour procéder au retrait et au rappel de nombreux produits ».
De plus en plus d’adeptes
Il faut savoir que parmi les jeunes générations, près d’une personne sur trois s’est déjà fait tatouer. Le tatouage étant un choix à vie, prenons conscience qu’il peut devenir un risque sanitaire, pouvant provoquer, entre autres, des allergies se déclarant à court ou long terme.
Une nouvelle réglementation européenne pour encadrer la composition et l’étiquetage des encres de tatouage verra le jour d’ici décembre 2021.
Le droit de réponse :
Stéphane Chaudesaigues (Tatoueur depuis 35 ans) nous écrit :
On parle du marché des encres en disant qu’il est opaque et qu’on ne sait pas ce qu’il y a dedans. On ne peut pas demander à des fabricants de publier leurs « recettes » car ce sont des secrets de fabrication. En revanche en 2013 lors du problème des encres, la majeure partie des grandes marques d’encre, nous avaient envoyé leurs ingrédients et dosages afin que nous puissions les faire passer au ministère de la santé et à L’ESTP European Society of Tattoo and Pigment Research ( congrès scientifique sur le tatouage et les encres ).
Leur bonne volonté ne doit pas être remise en question car ils s’adaptent aux normes européennes, nationales… ce qui a bien entendu un coût pour chaque couleur. Bonne volonté qui ne peut et ne doit pas être remise en question d’autant moins quand ils ne sont pas interrogés au sujet d’une enquête qui les concerne.
La méthode utilisées, le ou les laboratoires qui ont fait les tests, les bases sur lesquelles ce sont fixés les journalistes de L’UFC sont des données inconnues, un comble pour une enquête qui se veut scientifique…
Il est donc très difficile de pouvoir répondre dans le détail à ce type d’allégation aussi alarmistes qu’inutiles.
En effet le lien entre la potentielle toxicité des encres et des conséquences sur le corps humain est à cet instant précis impossible à faire.
Tous les scientifiques travaillant sur ce sujet et entre autre les scientifiques, dermatologues et chercheurs faisant partie de l’ESCTP disent tous que sur les 20 ans de recul qu’ils ont en la matière AUCUN lien ne peut être fait entre tatouage, encres et cancer.
Il n’y a pas plus de cancers de la peau ou d’autres formes de cancer chez les personnes tatouées que chez les personnes non-tatouées.
Ce type d’allégation à de lourdes conséquences pour les tatoueurs directement, en effet cela entraîne à chaque fois une baisse de fréquentation des salons de tatouage et donc une baisse de leurs revenus.
On ne peut pas laisser des « journalistes » faire ce que l’on a reproché au professeur Raoult, lui disant qu’il n’avait pas montré toutes ses données, qu’il n’avait pas fait de groupe test, que ses informations étaient obscures.
Aucune informations scientifiques ne permet de valider ou d’invalider ce qui est avancé dans cet article.
Il est dommage qu‘une revue qui bénéficie d’une aura d’objectivité et de professionnalisme n’ait pas jugé bon de pousser la conscience professionnelle justement en intégrant les fabricants d’encre, les tatoueurs, les revendeurs ou les scientifiques travaillant sur le sujet depuis de nombreuses années maintenant.
Les tatoueurs « professionnels » ne se fournissent pas juste sur internet, ils font appel à des revendeurs de matériel de tatouage qui eux aussi sont responsables de ce qu’ils vendent et des normes à respecter.
Les tatoueurs et tatoueuses sont bien souvent tous et toutes tatouées, ils tatouent leur famille en plus de leurs clients, ils ne prendraient pas le risque d’un quelconque danger.
Ils suivent les directives nationales et européennes en matières de pigment.
Nous avons parlé avec Lou Rubino PDG des encres World Famous Tattoo Ink, qui déplore encore une fois que les fabricants et tatoueurs soient mis devant le fait accompli et n’aient pas été mis dans la boucle de cette enquête.
Il précise aussi qu’il faut voir de quand date ces bouteilles d’encre, il croit voir sur l’étiquette que ses encres dateraient de 2019. La composition avait été obligé de changer à nouveau en 2020 suite à de nouvelles directives européennes.
Donc il faut savoir comment ont été faits ces tests, par qui, et pouvoir avoir accès aux résultats exacts et entiers pour se prononcer. Ce qui en l’état n’est pas le cas.
En effet si des tests ont été faits sur des flacons de 2019 avec comme base les normes 2020 le résultat ne peut être que biaisé.
Ce titre est encore une fois à regretter car il est inutile, la dangerosité des encres n’ayant encore jamais été démontré. C’est juste encore une fois, tirer sur l’ambulance d’une profession qui ne demande qu’à exister.
En effet, quand on construit une maison, on ne commence pas par la toiture, mais par faire les fondations. Et dans le cas qui nous occupe avant d’examiner de façon alarmiste les produits utilisés par les tatoueurs, il faudrait commencer par faire en sorte que les tatoueurs existent.
Nous voilà rendu en 2021 et notre profession n’existe toujours pas, nous n’avons toujours pas de statut et c’est bien là, à notre sens le principal problème.
N’importe qui peut, à ce jour s’établir en tant que tatoueur, il suffit pour cela de faire une formation payante de 21h, qui se fait sans validation des acquis à son terme.
Aucun besoin de savoir dessiner, tatouer, faire une photo ou même de la comptabilité…
Aucune corrélation entre encre de tatouage et cancer n’a JAMAIS été faite.
Le PRINCIPAL problème du monde du tatouage en France n’est pas les encres mais le manque de statut et la création d’une formation initiale obligatoire qui permettraient d’éviter que n’importe qui ne sachant pas tatouer ne puisse s’installer en tant que tatoueur. Il est plus difficile en France de devenir boulanger que tatoueur.
Stéphane Chaudesaigues
Tatoueur depuis 35 ans.
Président de l’Association Tatouage et Partage.
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