Essai clinique à Rennes : "je ne pouvais plus parler, plus bouger", témoigne l'une des victimes

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 29 février 2016 - 11:53
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Le laboratoire Biotrial.
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©Damien Meyer/AFP
L'un des six hommes hospitalisés lors de l'essai thérapeutique qui a fait un mort en janvier à Rennes raconte son calvaire.
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"Je ne pouvais plus parler, plus bouger": l'un des six hommes hospitalisés lors de l'essai thérapeutique qui a fait un mort en janvier à Rennes raconte son calvaire dans un entretien publié ce lundi dans "Le Maine Libre".

Ce Sarthois de 42 ans, qui souffre encore de séquelles neurologiques, avait été hospitalisé dans un état grave à l'unité de soins intensifs neurovasculaires du centre hospitalier de Rennes, avec cinq autres patients ayant testé la même molécule au centre de recherches Biotrial. L'un d'eux est finalement décédé le 17 janvier.

L'ancien volontaire témoigne pour la première fois parce qu'il est en "colère". "En voyant tout ce que disait le responsable de Biotrial à la télé, que ce n'était pas de leur faute". "Ils ont fait des erreurs. Pourquoi a-t-on pris le traitement un jour de plus, alors que la première victime était déjà hospitalisée?" questionne-t-il. "Pour eux (ses médecins, ndlr), je suis vraiment un miraculé", assure cet homme, qui est toujours en rééducation.

"J'ai encore des vertiges, des malaises si je reste plus de dix minutes debout. Et je vois toujours double. Les médecins ont espoir que ça revienne dans six mois ou un an. Mais ils ne sont pas sûrs", raconte-t-il avec une élocution encore hésitante, selon le quotidien régional.

Entré le 4 janvier au centre de recherches Biotrial à Rennes qui menait ces essais pour le laboratoire portugais Bial, il faisait partie d'un groupe de huit volontaires, dont deux allaient prendre un placebo, qui devaient tester une molécule destinée à soulager douleur et anxiété. "On a commencé à prendre le traitement le 7 janvier", raconte l'homme au Maine Libre. "Le 11, j'ai eu les premiers maux de tête". La veille, le patient qui n'a finalement pas survécu avait été hospitalisé.

"J'ai dit mes symptômes aux médecins et infirmiers. On m'a donné du Doliprane. Le lendemain, ça n'allait plus. J'avais encore plus mal à la tête, et c'était noir sous mes paupières. Un médecin m’a donné une poche de glace et encore du Doliprane. Le 13, quand je me suis levé, j'avais des étourdissements, je ne voyais plus rien. J'ai voulu prendre une douche et je n'y arrivais pas. Quand j'ai voulu ranger mes affaires dans le vestiaire, je suis tombé", se souvient-il.

Le volontaire est transféré au CHU de Rennes: "à l'IRM, il y avait des taches de sang et des traces blanches dans mon cerveau". Son état s'aggrave les deux jours suivants malgré un premier traitement: "Je ne pouvais plus parler, plus bouger, plus m’asseoir… Je ne pouvais plus rien faire", raconte-t-il.

Le 14 janvier, les médecins disent à sa compagne: "Ca serait bien que vous emmeniez les enfants, on ne sait jamais", explique-t-elle au Maine Libre.

A "titre exploratoire", le patient prend alors un autre traitement, avec son accord, et son état s'améliore. "Les médecins étaient étonnés que je m'améliore comme ça. Ils ne me voyaient pas remarcher ou parler". "Ils n'ont pas dit la vérité sur les chiens. Si j'avais su que des chiens étaient morts, je n’aurais pas risqué ma vie pour 1.900 euros. Je n’aurais pas signé", ajoute-t-il, en faisant allusion à un article du Figaro révélant que des chiens étaient morts lors des essais précliniques du médicament. Il avait participé il y a deux ans à un premier essai clinique avec Biotrial "qui s'était bien passé".

L'Inspection générale des affaires sociales (Igas) a relevé des "manquements majeurs" dans un rapport rendu début février, reprochant notamment à Biotrial d'avoir à nouveau administré la molécule aux autres volontaires le lendemain de l'hospitalisation du premier volontaire.

 

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