Etude : travailler trop accroît les risques d'alcoolisme et de comportements dangereux
Travailler trop peut notamment conduire au surmenage, mais pas seulement. Le très sérieux British Medical Journal (BMJ) vient ainsi de publier une analyse qui tend à établir un lien entre le fait de travailler trop et la surconsommation d'alcool.
Le comportement de plus de 400.000 personnes de 14 pays (Canada, Allemagne, France…) a été passé au crible par les chercheurs, une équipe d'une quarantaine de spécialistes qui ont compilé des données de 81 études. Il en ressort que les individus travaillant plus de 48 heures par semaine, ce qui dépasse par ailleurs la limite fixée par Directive européenne et la loi française, ont sensiblement plus de risques d'avoir une consommation d'alcool dangereuse pour leur santé.
Dans le détail, l'étude démontre que les personnes travaillant de 49 à 54 heures par semaine ainsi que 55 heures ou plus ont respectivement 13 % et 12 % de comportements à risques supplémentaires, comparé à celles travaillant de 35 à 40 heures par semaine. Les professionnels de santé ont fixé la limite d'une consommation à risque d'alcool à plus de 14 boissons alcoolisées par semaine pour une femme et plus de 21 pour un homme, rappellent les auteurs de l'étude.
Ils précisent qu'aucune différence notable n'est faite, dans leurs résultats, selon le sexe, l'âge, le statut socio-économique ou l'origine des personnes. En matière de prévention de l'alcoolisme, "le lieu de travail est un facteur important, parce plus de la moitié de la population adulte est active", souligne la coordinatrice de l'étude, Marianna Virtanen, épidémiologiste à l'Institut finlandais de santé au travail (Helsinki) et à l'University College britannique (Londres).
Trop de travail, trop d'alcool: un double excès préjudiciable pour la santé. En effet, il est prouvé qu'un temps de travail trop élevé entraîne plus de maladies cardiovasculaires et d'accidents du travail, voire des problèmes de santé mentale. Quant aux méfaits de l'alcool, ils sont désormais bien connus de tous.
"L'augmentation de la probabilité de développer des habitudes de consommation à risque en raison d'un excès de travail est faible dans l'absolu, mais justifie un examen attentif", tempère dans un commentaire sur cette étude, également publié dans le BMJ, Cassandra Okechukwu, de l'École de santé publique d'Harvard (États-Unis). La spécialiste espère toutefois que les résultats de cette étude mèneront à une révision des réglementations sur le temps de travail, au titre de la santé publique. Selon elle, il existe ainsi une "pression croissante" sur les travailleurs pour qu'ils dépassent le temps de travail légal.
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