Faire de la morphine sans pavot, c'est possible

Des chercheurs viennent de trouver la formule pour fabriquer de la morphine sans pavot, la plante d'origine. Cette trouvaille pourrait ainsi permettre de faire baisser le prix des antidouleurs mais cette technique pourrait néanmoins être copiée par les narcotrafiquants.

C'est une trouvaille sans précédent. Des biologistes de l'université de Californie de Berkeley, ont annoncé, lundi 18, avoir trouvé la technique pour fabriquer de la morphine sans pavot, la plante d'origine. Dans leur étude publiée dans la revue scientifique Nature Chemical Biology, les chercheurs ont expliqué avoir introduit dans de la levure un gène de betterave pour parvenir à ce résultat.

Ce gène permet ainsi à la levure de transformer de la tyrosine, un acide aminé dérivé du sucre, en réticuline. Or ce composant est le point de départ pour produire de la morphine, de la codéine et d'autres substances utilisées en médecine comme antalgiques.

Cette découverte prometteuse pourrait ainsi permettre de faire baisser le prix des antidouleurs et d'entraîner moins de dépendance par rapport aux médicaments dérivés du pavot. Si les chercheurs n'ont pas encore réussi à produire de la morphine, ils estiment qu'une souche modifiée de levure, capable de le faire, pourrait être disponible d'ici deux ans. "Nous sommes proches du but, dans deux ans, nous pourront produire une souche de levure fiable", a déclaré John Dueber, coauteur de la publication avant d'ajouter: "le moment est venu de réfléchir à des moyens d'encadrer ces recherches et de prévenir de possibles abus".

Car pour les auteurs de l'étude, cette découverte est également inquiétante quand à l'impact qu'elle pourrait avoir sur le trafic de drogue. Selon eux, toute personne ayant une connaissance basique en biologie pourrait "brasser", chez lui, de la morphine à partir de levure génétiquement modifiée. 

Pour protéger cette découverte, certains spécialistes réclament d'ores et déjà une réglementation plus sévère: renforcement de la sécurité des laboratoires ou limitation de la production des souches de levure, toutes les pistes sont évoquées. D'autres estiment que les souches pourraient également être conçues de telle sorte qu'elles nécessiteraient des ajouts particuliers ou des conditions de laboratoire spécifiques. Une technique complexe qui pourrait décourager les narcotrafiquants.