Le confinement a accéléré la progression des symptômes de démence chez les personnes âgées
Qu’elles soient en maison de retraite, ou confinées chez elles, les personnes âgées ont été les plus durement touchées par la pandémie. Elles sont, bien sûr, la catégorie de population qui connaît le plus de décès liés au coronavirus. Mais les restrictions sanitaires, et surtout les confinements, affectent aussi leur santé de manière générale, notamment leur santé mentale. Chez les personnes atteintes de démence, les symptômes se sont drastiquement détériorés pendant le confinement, avec d’importantes dégradations de la parole, de la mémoire, de la concentration et de l'équilibre.
Perte de routine et manque de stimulation cognitive à l’origine de l'accélération de la démence
Selon une enquête menée par la Société Alzheimer au Royaume Uni auprès des personnes atteintes de démence et de leurs soignants, 82% des personnes atteintes de démence ont signalé une aggravation de leurs symptômes. Même constat dans un rapport de la Société espagnole de neurologie (SEN) , basé sur une enquête auprès des neurologues espagnols experts en démence. 99% des professionnels consultés pour l'étude conviennent que l'état du patient atteint de démence s'est aggravé et 55% d'entre eux pensent que la détérioration est même «bien pire». Près de 69% des experts soulignent l’aggravation au niveau de l’irritabilité, 41% au niveau de l'anxiété, 38,5% au niveau des troubles du sommeil , et 36% au niveau de l'agressivité. De nombreuses personnes âgées n'étaient plus en mesure de participer à des activités qu'ils trouvaient stimulantes en raison du confinement, et cela a affecté négativement non seulement leur démence, mais aussi leur estime de soi.
La solitude et l'isolement, cause de dépression et de perte de confiance en soi
En raison de l’isolement, les personnes atteintes de démence ont également eu un accès limité à leurs réseaux de soutien habituels, comme les amis, la famille et les autres personnes atteintes de démence avec qui elles cohabitent souvent. Ce sentiment de solitude ou d'isolement social a déclenché des symptômes de dépression dans de très nombreux cas.
Des effets à long terme
Une autre étude publiée dans le Journal of Alzheimer's Disease, se focalise sur les conséquences de l'enfermement à long terme. À l’aide des applications et des montres connectés fitbit, les chercheurs ont suivi 16 personnes (âgées de 60 à 80 ans, sujettes à des changements cognitifs) avant, pendant et après le confinement. Selon cette étude, les mesures de distanciation sociale peuvent avoir des conséquences sur la santé mentale des personnes à haut risque de maladie d'Alzheimer non seulement lorsque le patient est confiné chez lui, mais aussi à long terme. L'humeur des participants a continué à s'aggraver au cours de la première semaine de déconfinement. L'auto-perception de la santé mentale s'est aussi détériorée chez les participants pendant le confinement et s'est maintenue à un bas niveau lorsque les restrictions ont été levées.
Pour les personnes atteintes de démence, le monde extérieur est devenu de moins en moins familier
En plus des difficultés pour améliorer leur bien-être mental après le confinement, les personnes atteintes de démence ont vu leurs repères basculer pendant les mois qui ont suivi le premier confinement. Les masques ont compliqué la communication, les nouvelles consignes ont varié, et les gestes barrières ont fait croître le sentiment de désorientation. La Société Alzheimer britannique explique que les personnes interrogées ont exprimé des inquiétudes quant à leur capacité à suivre les procédures de sécurité et se sont inquiétées de la façon dont les autres réagiraient s'ils faisaient quelque chose de mal.
Ces recherches montrent que le monde extérieur impacte très fortement l'état de santé des personnes atteintes de démence. Leur environnement peut être une source d'anxiété, et un espace sûr et inclusif pour les personnes atteintes de démence peut au contraire favoriser leur santé cognitive.
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