Le don du sang des homosexuels toujours en débat
La ministre de la Santé Marisol Touraine s'est exprimée dimanche 12 sur les différents points de la loi Santé actuellement en discussion à l'Assemblée nationale, notamment sur la question du don du sang. Les députés ont en effet voté le 3 avril un amendement interdisant d'exclure des donneurs en fonction de leurs pratiques sexuelles.
Or, les hommes homosexuels n'ont pas le droit de donner leur sang depuis 1983, s'agissant d'une population à risque, particulièrement touchée par le Sida. L'égalité défendue par l'amendement se heurte donc à la protection de la santé des receveurs, un débat déjà vieux de plusieurs années. De plus, l'interdiction ou l'autorisation ne dépend pas de la loi mais d'un arrêté ministériel. C'est donc ce dernier texte qui devra être modifié pour ouvrir le don aux hommes homosexuels.
Marisol Touraine s'est déjà prononcée favorablement à une ouverture du don du sang aux homosexuels, mais maintient une condition qui fait toute la différence: "aucune discrimination ne peut être tolérée, aucun risque ne doit être pris pour ceux qui reçoivent le sang", a-t-elle déclaré. Or c'est bien là le cœur de la question.
La ministre a donc décidé de botter en touche. Selon elle, la décision n'appartient pas aux politiques mais aux experts médicaux: "je prendrais la décision de changer le questionnaire remis à celui qui va donner son sang mais je le ferais sur la base des recommandations des experts des agences sanitaires". La ministre renvoie donc à d'autres la responsabilité d'un maintien de l'interdiction qui serait contraire à sa loi Santé.
Mais certains se sont déjà prononcés contre la levée de l'interdiction. Le 31 mars dernier, le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) avait conclu que "si on levait cette contre-indication aujourd’hui, sans mener les campagnes d’informations préalables et sans compléter les enquêtes déjà à notre disposition, il y aurait un possible risque pour le receveur".
Selon le comité, le taux de contaminations par le virus du Sida est 65 fois plus important que chez les hétérosexuels. Il rappelle cependant que "le risque de transmission du VIH est dû à une absence de connaissance" et non à une orientation sexuelle.
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