Les Français coincés à l'étranger désespèrent de rentrer chez eux
Touristes, hommes d'affaires, binationaux, les Français coincés à l'étranger par l'épidémie de Covid-19 se pressent pour trouver un vol avant que les frontières ne se ferment définitivement.
Sénégal, Pérou, Emirats, Tunisie, Maroc, Turquie... nombre de pays ont suspendu leurs liaisons aériennes avec la France, l'un des pays les plus touchés en Europe par le coronavirus, laissant sur le carreau des dizaines de milliers de Français.
Paris est depuis en discussion avec toutes les capitales concernées afin d'obtenir l'autorisation d'affréter des vols spéciaux pour ses ressortissants.
A Dakar, les candidats au départ attendent nerveusement une solution depuis la suspension des vols lundi. "On a besoin de partir, on dit qu'il n'y a que douze lits (de réanimation) à Dakar", déplore Sophia Siby, 25 ans, Franco-Sénégalaise de la région parisienne.
Six vols ont finalement été mis en place par les compagnies Air France et Air Sénégal entre jeudi et lundi pour assurer les retours au départ de la capitale sénégalaise.
Cheikh Gueye, un employé du BTP de 40 ans, est bien décidé à rejoindre au plus vite Rennes (ouest de la France). "Imaginez si on m'envoie à Fann", dit-il en référence à l'un des hôpitaux de Dakar, "je n'ai pas passé la porte que je suis déjà mort".
Pour l'heure, le Sénégal est très peu touché par le Covid-19. Mais l'état de préparation des pays africains à une propagation du virus, en particulier les capacités d'accueil d'un nombre massif de patients, préoccupent les experts.
- "Prendre son mal en patience" -
Même son de cloche à Manille, à l'autre bout de la planète : "Personne ne parle de nous mais nous sommes des centaines de Français présents aux Philippines et entièrement bloqués", s'alarme Romain Estivals.
La France a promis la mise en place rapide de dessertes pour tous ceux qui souhaitent rentrer et Air France a annoncé jeudi travailler sur une série des destinations, Portugal, Maghreb, Madagascar, Argentine, Cuba, Mexique, Pérou, Thaïlande, Maldives..
Il s'agit de vols commerciaux à des tarifs préférentiels et non d'un rapatriement par l'Etat, précise bien le Quai d'Orsay, alors que certains s'attendaient à une prise en charge sur les derniers publics.
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian appelle d'ici là les milliers de voyageurs français encore coincés à prendre leur mal en "patience" et à attendre "sereinement, avec sang-froid".
Le Quai d'Orsay a aussi instauré une plateforme d'urgence (www.sosuntoit.fr) sur laquelle des Français résidant à l'étranger peuvent proposer un hébergement à des compatriotes en difficulté, a annoncé le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne.
Sur les groupes d’entraide whatsapp créés par les Français bloqués au Maroc, les informations circulent avec fébrilité. Beaucoup de monde attendait encore jeudi aux aéroports d’Agadir et Marrakech, selon ces échanges.
- "Sans discrimination" -
Près de 140 vols sont partis depuis vendredi du Maroc pour ramener 20.000 personnes, dont environ les deux tiers sont Français, selon une source diplomatique jointe par l’AFP à Rabat.
"On embarque sans discrimination, il y a des Européens, des Américains qui partent par les vols sur la France", selon cette source.
Il restait jeudi encore 4.000 ou 5.000 Français à rapatrier. "Des gens continuent de se manifester, certains encore arrivent à l’aéroport sans être au courant de rien, mais on espère que ça va finir par se tasser", poursuit la source citée.
Les centres d’appels mis en place dans le pays ont traité plus de 15.000 cas depuis vendredi, avec plus de 150 personnes mobilisés pour répondre.
A Dakar, Julien Baubigeat, un avocat en voyage d'affaires, a finalement été contacté par Air France : il partira dans la nuit de jeudi à vendredi.
Son vol initial, sur Brussels Airlines, a été annulé deux fois sans préavis en début de semaine. Mardi, "on nous a tous ramenés à Dakar, les uns contre les autres, sans masques, dans des taxis-brousse", s'étonne-t-il.
Il n'exclut pas d'engager une action judiciaire contre la compagnie avec d'autres passagers "pour mise en danger de la vie d'autrui".
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