Malin comme un singe : L'hydroxychloroquine testé sur des macaques

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Le Collectif Citoyen pour FranceSoir
Publié le 09 juin 2020 - 13:57
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Hydroxychloroquine testé sur des macaques
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L'hydroxychloroquine testé sur des macaques
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Les temps courent et se ressemblent ainsi que les sujets d’actualité. Nous sommes en plein post confinement à essayer de remettre la machine économique en marche que déjà les vieux démons français de la contestation ressurgissent avec tout ce que cela entraine. Masquant d’autant plus des informations importantes sur la Covid qui concernent notre santé à tous. Passé le bon comportement des Français pendant le confinement, les morts ont disparu des écrans de télévision et les vieilles habitudes reviennent au galop, chassant l’information « de crise » à laquelle nous avions fini par nous habituer.

Une exception demeure cependant : les résultats des études cliniques sur la Covid, qui ramènent la Science dans les médias, avec leur lot de rebondissements et de polémiques.  Des essais, encore des essais, et toujours des essais.

Pendant ce temps, de par le monde, des gens meurent et des polémiques se créent, toutes plus surprenantes et inédites les unes que les autres, à en tomber le derrière par terre. Le singe lui en tombe de l’arbre.   

 

Passée quasi-inaperçue au milieu de la polémique autour de l’étude frauduleuse du Lancet, le CEA a fait une annonce le 4 juin dernier qui aurait dû rassurer les sceptiques de l’efficacité du traitement proposé par le Pr Didier Raoult : Les résultats d’une étude sur les effets de l’hydroxychloroquine, associée ou non à l'azithromycine, et administrées à des macaques volontairement infectés par le virus du COVID-19, pré-publiée et soumise à la revue Nature d’après ses auteurs, semblent mettre en défaut l’efficacité de cette molécule.

Cette étude aurait pu sonner le glas de l’hydroxychloroquine. En effet, les noms associés à ce travail de recherche sont particulièrement prestigieux : l’équipe en charge de l’étude réunissait des scientifiques du CEA, de l’Inserm, de l’Institut Pasteur, de l’Université de Paris-Saclay, de l’AP-HM, de l’Université Claude Bernard Lyon 1, sous l’égide du consortium multidisciplinaire REACTing2.

Alors pourquoi aussi peu de retentissement. Peut-être est-ce parce que les médias ont appris, échaudés par la polémique du Lancet, à prendre avec des pincettes les nouvelles scientifiques sur le sujet ? Une chose est certaine, cette étude pose beaucoup de questions.

Tout d’abord, le choix de tester le traitement sur des macaques interroge. Les essais sur des primates sont monnaie courante dans le domaine des essais pharmaceutiques, cependant en général ils sont surtout utilisés pour valider l’absence de nocivité d’une substance avant de passer à des essais cliniques sur l’homme. En effet, ces primates étant physiologiquement assez proches de nous, ils sont de bons indicateurs de toxicité.

Or, dans ce cas précis, la toxicité des molécules est bien connue, l’hydroxychloroquine étant prescrite à hauteur de 40 millions de comprimés par an juste dans l’hexagone, l’azithromycine étant encore plus courante.

De plus, s’ils sont de bons modèles de toxicité, les macaques n’ont pas forcément la même réaction à la Covid que l’homme. On observe sur les 8 singes du groupe témoin une médiane de 4 jours de guérison spontanée, ce qui est très différent de chez l’homme. On peut d'ailleurs lire dans l'article : "Aucun des animaux témoins n'a développé un syndrome immunologique similaire à celui observé aux stades avancés des formes graves de la maladie humaine", ce qui laisse donc penser que ce modèle animal est piètrement représentatif.

Il n’y avait donc absolument aucune raison évidente de tester ces traitements sur des macaques, dont on ne connaissait pas la représentativité sur la Covid. Et ce, d’autant plus que les molécules en question étaient prescrites, au même moment, de par le monde, à des humains, dans le cadre d’essais cliniques ou de traitement du COVID-19. Une telle perte de temps et un tel choix sont assez inexplicables.

Par ailleurs, la coordination de l’étude par REACTing2, s’est d’emblée félicitée de ces résultats sur son compte Twitter :

On aurait pourtant pu croire que l’absence d’efficacité d’un traitement serait plutôt une mauvaise nouvelle, ce qui ne semble pas être le cas ici. On a plutôt l’impression que REACTing2 est en croisade, re-tweetant le 4 Juin la tribune du collectif #fakemed dédiée à décrédibiliser le Pr Didier Raoult (titrée « La médecine ne relève pas d’un coup de poker »).

Mais c’est mal connaître REACTing2. Créée par Yves Lévy (ex INSERM et aux relations notoirement conflictuelles avec Didier Raoult) et  Jean-François Delfraissy (président du Conseil scientifique Covid-19), REACTing2 est au cœur de l’article de Marianne du 18 Mai « Discovery : les experts français qui cherchent un traitement contre le Covid sont-ils sous l'influence des labos ? » qui met en exergue les nombreux liens d’intérêts entre les membres de ce consortium et certains laboratoires pharmaceutiques, promouvant certaines molécules pour la lutte contre le COVID-19.

Mais revenons-en aux auteurs de cette étude sur les macaques. On y trouve le Pr Xavier Lamballerie, membre du steering commitee de REACTing2, mais également directeur de l’Unité des Virus Emergents de l’IRD, hébergé à l’IHU de Marseille ! A première vue on pourrait imaginer avoir à faire à un soutien du Pr Raoult, mais pourtant, le 26 Mars, le Pr Lamballerie publie avec le Dr Franck Touret (également co-auteur de cette étude) un papier appelé « Of chloroquine and COVID-19 » assez critique envers la chloroquine, qui serait efficace in-vitro mais pas in-vivo. A cette date très peu d’informations sont disponibles, à part des quelques pistes plutôt positives en provenance de Chine. Cette réticence est d’autant plus surprenante qu’au même moment, et dans le même IHU, d’autres testent justement cette molécule avec des premiers succès.

Continuons avec le Pr Bruno Hoen, lui aussi membre du steering commitee de REACTing2. Il est épinglé par Marianne dans l’article précédemment mentionné pour ses conflits d’intérêts importants avec le laboratoire américain Gilead, qui promeut le Remdesivir, une molécule hors de prix, comme traitement du COVID-19. Il est intéressant de remarquer qu’avec Yazdan Yazdanpanah, directeur de REACTing2, il fait partie du GloPID-R, branche de l’OMS qui a été si prompte à bannir l’hydroxychloroquine après la parution de l’étude du Lancet, et également du HCSP (Haut Conseil de la Santé Publique), avec Delfraissy, qui a recommandé au ministre de la Santé Olivier Véran l’interdiction de l’hydroxychloroquine.

Il recommandait pourtant, le 31 janvier dernier d’après Marianne, le Remdesivir, ce alors qu’aucune étude n’avait été menée, et qu’à date aucune preuve d’efficacité n’existe.

Mais la liste ne s’arrête pas là, et nous nous retrouvons dans la capitale des Gaules, autour d’un autre noyau d’auteurs de cette étude. Tout tourne cette fois-ci autour du virologue Pr Bruno Lina, de l’université Lyon 1 et membre du HCSP dont nous venons de parler, du Pr Manuel Rosa Calatrava, codirecteur avec le Pr Lina du laboratoire VirPath d’un côté, et du Dr Olivier Terrier et Andres Pizzorno de la start-up Signia Therapeutics de l’autre. Ce bel exemple de collaboration universitaire / start-up, avait pour but d’étudier le re-positionning, c’est-à-dire le ré-emploi de molécules anciennes, et s’est tout logiquement penché sur le COVID-19. Sauf que la solution pour laquelle Manuel Rosa Calatrava fait la promotion, sans qu’aucun essai clinique n’ait été réalisé, le 8 avril 2020 dans La Tribune de Lyon, est liée au Remdesivir : « Nous avons identifié et repositionné une molécule, le diltiazem. C’est un antihypertenseur qui démontre une activité antivirale contre la grippe et d’autres virus respiratoires comme le Covid-19. On l’associe au remdesivir, un antiviral initialement développé contre Ebola. »

On pourrait également citer le Pr Jérémie Guedj, qui a fait, fut un temps, du « consulting pour le compte de Gilead » mais ne déclare ici aucun conflit d’intérêts, ou encore ceux liés au collectif #fakemed qui vouent le Pr Raoult aux gémonies régulièrement sur les réseaux sociaux, parmi les co-signataires de cette étude. Mais est-ce encore nécessaire ?

Au final, une fois de plus, l’inefficacité de la bithérapie hydroxychloroquine/azythromycine est prouvée (sur des singes), par des personnes qui sont soit en conflit notoire avec le Pr Didier Raoult, soit font l’objet de conflits d’intérêts flagrants. La seule chose réellement prouvée ici est, qu’avec une pincée de mauvaise foi, une dose de conflits d’intérêts et une cuillère de rancœurs personnelles,

quand le résultat est décidé d’avance, on peut faire dire n’importe quoi à une étude.

Et finir d’achever la crédibilité d’une recherche médicale déjà souffrante.

Le Collectif Citoyen est un groupe formé de citoyens engagés qui travaillent aux décryptages, recherches, analyses, vérifications et validations de l'information de manière collaborative.  Ils sont de formations diverses : docteurs, ingénieurs, économistes, avocats, entrepreneurs, analystes financiers, statisticiens, expert-comptables, informaticiens, professeurs, geeks, journalistes, mais avant tout ont une expérience sincère de la vie et un engagement sans faille à la recherche de la vérité sans polémique aucune, sans parti pris. 

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