Météo douce : la grippe est retardée, mais d'autres virus en profitent
Si la météo étonnamment clémente pour un mois de décembre retarde l'épidémie de grippe, rhinopharyngites, otites et autres bronchites profitent de la douceur pour proliférer, sans toutefois créer d'embouteillage chez les médecins.
"La semaine dernière, on a enregistré 49 consultations pour syndromes grippaux pour 100.000 habitants", contre 71 consultations à la même période l'an dernier, indique Isabelle Bonmarin, coordinateur de surveillance de la grippe à l'Institut national de veille sanitaire (InVS). "On dispose de si peu de virus, qu'on ne peut pas à ce stade dire de quel type il s'agit", précise-t-elle également.
La grippe se propage habituellement lorsque les températures sont basses parce que le froid diminue nos défenses immunitaires, nous rendant plus vulnérables à ce virus. Mercredi, les températures tournaient encore en moyenne autour de 10 degrés en France.
"Nos cellules ne sont pas nues. Elles sont couvertes de fluides qui jouent le rôle de barrière physique. (...) Ces virus n'arrivent pas à se faufiler à travers cette couche de liquide qui nous protège", explique Bruno Lina, virologue. Or, "quand il fait froid, ce mucus s'assèche. Il joue alors moins bien son rôle de barrière", ajoute-t-il.
En outre, quand le thermomètre descend autour de zéro, "on a tendance à rester confiné dans des espaces clos, à ne pas aérer correctement son logement, à ne pas ouvrir les fenêtres des bureaux", ce qui favorise la propagation de cette maladie très contagieuse, souligne le docteur Martial Olivier-Koehret, qui représente les médecins généralistes.
L'absence d'épidémie de grippe ne signifie pas pour autant que les médecins sont désoeuvrés. "On a une activité importante car on a beaucoup de pathologies de types ORL ou bronchiques", indique Pierre-Henry Juan, président de SOS médecins, pointant du doigt les écarts de température dans une même journée: "Le matin, il fait 7 degrés, l'après-midi, il peut faire 20°C et le soir 10°C".
"Il y a actuellement beaucoup de virus respiratoires", confirme Bruno Lina. "Parce qu'on est dans une ambiance tempérée légèrement humide qui favorise leur transmission et parce que le virus de la grippe n'est pas là", résume-t-il. "Le chat n'est pas là, les souris dansent".
Les virus apparaissent de "manière séquentielle", explique-t-il. "Arrive d'abord la rhino. Puis quand la rhino baisse, le virus respiratoire syncytial (VRS, qui donne la bronchiolite essentiellement) arrive. Quand le VRS diminue, la grippe commence", détaille-t-il.
Les médecins constatent une diminution de l'épidémie de bronchiolite, mais la grippe tarde à sévir. Pour autant, ce n'est qu'une question de temps, disent-ils unanimement. "En 35 ans d'historique de la grippe, il y a toujours eu des épidémies chaque hiver même si, parfois, elles étaient d'une faible ampleur", souligne Isabelle Bonmarin.
Et ne pas constater d'épidémie de grippe à la veille de Noël n'a rien d'exceptionnel. "Il y a deux et quatre ans, nous enregistrions le même niveau d'activité. Il y a eu dans le passé des épidémies qui ont même démarré beaucoup plus tard comme en 1988 et 1998", vers la fin février, précise-t-elle. Le Dr Olivier-Koehret note que si la température chutait brutalement, l'épidémie pourrait toutefois prendre de court un grand nombre de personnes.
D'autant qu'avec cette météo exceptionnellement douce, "les gens ne se reposent pas". "Normalement, l'hiver, on est moins actif, on se met au repos, on dort plus. Là, on vit comme si on était en été. on est sur les terrasses, on sort plus", observe-t-il. "Tout ceci affaiblit l'organisme" et le rend plus vulnérable au virus.
Les médecins soulignent aussi qu'il est encore temps de se faire vacciner. Et, lorsque l'épidémie sera déclarée, il faut impérativement éviter de côtoyer les gens qui ont la grippe "puisque la transmission est inter-humaine", rappelle Bruno Lina.
Il encourage d'ailleurs les gens malades à rester chez eux. "Si on veut jouer les héros et aller tout de même au bureau malgré les signes évidents de la grippe, il faut mettre un masque", préconise-t-il, rappelant que c'est au début des symptômes que l'on est le plus contagieux.
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