Plus de médecin à Jenlain : suspendu, le docteur Pamart résiste

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FranceSoir
Publié le 13 octobre 2021 - 19:30
Mis à jour le 14 octobre 2021 - 13:45
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Mairie de Jenlain
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Mairie de Jenlain
Clivages politiques dans la petite commune de Jenlain (Nord).
Mairie de Jenlain

Jenlain, village de 1 100 habitants, n'a plus de médecin. Suspendu pour son refus de l'injection covid, le Dr Grégory Pamart présente dans sa lettre (voir ci-dessous) les raisons de sa décision, expliquant que cette loi l’obligerait à violer sa liberté à disposer de son corps.

Le médecin dénonce une mauvaise gestion de la situation sanitaire, incitant notamment les patients à se détourner des traitements précoces alors qu’il a lui-même constaté que ces derniers peuvent empêcher une aggravation des cas et éviter « un recours à l’hospitalisation ».

Face à lui se dresse notamment le maire de la commune située dans le département du Nord, Johan Dremaux. Celui-ci déplore la situation et appelle d’autres médecins à venir s’installer pour remplacer le Dr Pamart. L’élu estime qu’il faut suivre les politiques pour « retrouver une vie comme avant ».

Voir aussi : "Penser que l'on va revivre normalement est une arnaque", Michel Rosenzweig

Le maire dénonce un acte « irresponsable » de la part du Dr Pamart mais avoue ne pas s’appuyer sur des compétences particulières en médecine. Johan Dremaux a été élu en 2020 : ce maire, comme beaucoup d’autres, est donc arrivé en pleine crise sanitaire et a vu s’enchaîner les protocoles contre le Covid.

Étant également un peu « réticent » face aux vaccins, l’élu explique néanmoins que cette épidémie recule grâce à la vaccination, et rappelle la maxime, « la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres ». Cette liberté, le docteur Pamart la défend de son côté : « Je n’accepte pas de devoir renoncer à la liberté de disposer de mon corps pour continuer mon métier, je n’accepte pas l’idée totalitaire que la médecine pourrait demain s’affranchir du consentement libre et éclairé du patient ».

Joint par téléphone, il affirme qu’il souhaite reprendre son activité de médecin et comprend qu’en société différents points de vue  s'expriment : « je revendique cette liberté, et il y a un autre choix, celui du législateur qui fait une loi et le choix de compliquer l’existence des non-vaccinés. Pour les patients, si demain je peux retourner travailler, j’y retourne. J’ai espoir que les législateurs reviennent sur cette loi et comprennent que l’on n’est pas un danger pour la société. Qui est plus dangereux, entre le médecin non-vacciné qui se fait tester tous les trois jours et le médecin vacciné, alors qu'on sait aujourd’hui les vaccins contre le Covid n’empêchent pas de contaminer les autres ? »

Père de quatre enfants, le docteur Pamart refuse les querelles de personne ou toute "guerre" qui obligerait à "choisir un camp", et explique comment vit un médecin suspendu : « je ne me plains pas matériellement, il y a des couples qui bossent à l’usine et qui ont moins de ressources matérielles. Un médecin a souvent davantage de quoi survivre, même si le problème est que je paie toujours des charges ; non seulement je ne travaille plus, mais je dois payer toujours payer des charges. Mais pour l’instant, je gère bien, je ne vis pas de grand-chose au niveau matériel. Et j’ai rencontré tellement de gens extraordinaires que je me dis qu’il y aura toujours des gens pour m’aider ».

Monsieur Dremaux ne regrette pas seulement cette suspension, il constatait déjà un comportement opposé aux recommandations de porter le masque au début de la crise : « Monsieur Pamart a eu des prises de bec dans les supermarchés où ils ne portaient pas le masque ». Nous avons demandé au médecin si cet acte était de la provocation qui aurait pu gêner le dialogue dans le village, celui-ci répond qu’il n’était aucunement question de provoquer : « non, c’est une question de choix et de besoin personnel, depuis le début de la crise j’ai un grand besoin de vérité et d’honnêteté. Je ne mentirai ni à moi-même, ni à mes patients, même si cela crée des situations inconfortables pour moi. Vis-à-vis des masques, tout dépend de comment on aborde la question, si la question est comment vivre en société et échanger avec l’autre, alors il me semble que me priver d’un sourire n’est pas la solution. Je ne peux pas vivre sans sourire, l’échange avec un patient commence par un sourire et je ne peux pas faire autrement que continuer à sourire.

Cela peut être mal perçu, mais c’est un témoignage de vérité » conclut Grégory Pamart.

Lettre du docteur Grégory Pamart à l’attention de ses patients :

Mes chers patients,

L’année et demie qui vient de s’écouler a vu de nombreux bouleversements dans nos sociétés, nos comportements et nos interactions.

Nous avons vu rapidement les autorités sanitaires cesser de s’intéresser à la santé, dans sa définition noble d’« état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. ».
Au contraire, l’ensemble de l’action dite de santé publique a cessé, en 2020, de s’intéresser à la santé des individus pour se concentrer uniquement sur une maladie particulière, faisant fi des états de dépression, mal-être, isolement, suicide, décompensation de diabète, aggravation d’obésité… La liste est malheureusement encore longue.

Pire encore, l’ensemble de l’action dite de santé publique a cessé en 2021 de s’intéresser à cette seule maladie, et aujourd’hui la vaccination, par ailleurs critiquable, semble être une fin en soi, « nécessité » à obtenir « quoi qu’il en coûte ».
Cette logique abandonne complètement les aspects majeurs de la lutte contre les infections.
A savoir l’ensemble des possibilités préventives et curatives, en particulier les soins précoces qui peuvent, je l’ai constaté en soignant mes patients, dans l’immense majorité des cas, éviter un recours à l’hospitalisation.

Plus grave encore, que l'erreur stratégique au plan médical, les nouvelles mesures annoncées par le Président de la République introduisent une rupture majeure dans la conception du consentement libre et éclairé à tout soin. Ces mesures entendent passer outre le libre arbitre, forcer les consciences et finalement violer les corps.

J’aime mon métier, vous qui me connaissez savez que j’ai toujours cherché à respecter le choix de mes patients. Je ne vous demande pas de comprendre ou accepter les miens. Sachez en tout cas que chacun de mes actes est pesé. Je ne suis pas à l’abri d’une erreur de jugement, mais soyez certain de ma sincérité, en particulier quand je vous dis que, malgré les recommandations sanitaires, je pense ne jamais vous avoir mis en danger.
Je n’ai jamais cessé de penser que le médecin généraliste a un rôle d’accompagnement, de soutien, d’information… Ce rôle nécessite suffisamment de retenue pour ne jamais chercher à imposer nos propres idées, ou convaincre nos patients.

A cause de cela je n’accepte pas de devoir renoncer à la liberté de disposer de mon corps pour continuer mon métier, je n’accepte pas l'idée totalitaire que la médecine pourrait demain s'affranchir du consentement libre et éclairé du patient.
Je n’accepte pas, non plus, que nos données de santé soient colligées dans de grands fichiers nationaux et servent aux autorités administratives pour sanctionner ceux que l’autorité politique a jugé indésirables.

Cela fait quelques semaines que j’ai pris la ferme et difficile décision de ne pas céder à l’obligation vaccinale. Cela implique de ne plus pouvoir exercer ma profession de médecin généraliste.
Si vous ne comprenez pas cette décision, j’espère que vous me ferez assez confiance pour accepter que je puisse me tromper, mais accepter aussi que je puisse avoir raison.

Certains d’entre vous m’ont fait part de leur désarroi « toutes ces études pour rien ? ».
Sachez que, même si je devais ne jamais plus pratiquer la médecine générale, je ne regrette absolument pas ma vocation. J’ai eu la chance extraordinaire de découvrir mes patients, des individus, dans l’intimité d’une relation vraie et sincère.
J’ai découvert pendant mes 9 ans d’études et 6 ans d’exercice, dont presque 3 auprès de vous à Jenlain, des trésors d’humanité, qu’une vie entière dans une autre profession ne m’aurait pas permis d’apercevoir.
Je crois qu’on ne peut pas pratiquer la médecine autrement qu’en aimant. Et plus j’ai pratiqué plus je vous ai aimé. Chacun d’entre vous. Comme les êtres uniques et merveilleux que vous êtes.

Je crains de voir la médecine devenir une suite d’algorithmes et de protocoles.

Chacun jugera sur ce qui vient de s’écouler la transgression à notre humanité qu’il n’accepte pas. Cacher notre sourire, cesser de nous embrasser, faire manger mamie dans la cuisine, signer un document pour sortir de chez nous, recevoir une injection pour travailler, flasher son code-barre pour aller au restaurant, faire piquer son enfant pour qu’il ait le droit d’aller à la piscine… J’aimerais ne pas avoir à rallonger la liste dans quelques mois.

Je crains de voir la naissance d’une société utopiste, « tous ensemble contre une maladie » qui nie la valeur propre et l’individualité de chacun. Qui impose une seule issue, une seule voie. Qui veut faire rentrer chaque citoyen dans une fiche de poste. Une société en marche contre les aléas de la vie, au prix de la différence, au prix de la liberté de conscience, au prix de la libre disposition de notre corps… Au prix de l’amour.

Aujourd’hui je laisse mon travail. Pourtant je n’ai pas peur. Je m’abandonne à la providence avec confiance, car je crois qu’on a tous la possibilité de changer le monde, à notre portée, selon nos talents, notre force, notre persévérance.

La société idéale ne se construit pas sur un ordre social parfait, la société idéale commence simplement, par un sourire, la volonté d’accueillir l’autre et de prendre soin les uns des autres.

C’est pour prendre soin de vous que je dois, à regrets, vous quitter.

À bientôt.

Votre toujours dévoué.
Dr Grégory Pamart

Article mis à jour le 14 octobre : titre changé et ajout de précisions du Dr Pamart

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