Sclérose en plaques : le virus Epstein-Barr identifié comme un facteur de risque
Des scientifiques de l’université d’Harvard ont découvert que la sclérose en plaques pourrait être liée au virus Epstein-Barr (EBV). Dans une étude publiée dans Sciences, les scientifiques montrent un lien de causalité entre le virus et cette pathologie auto-immune.
Avant d’en venir à l’étude des scientifiques, il convient d’examiner ce que recouvre ce virus et la maladie auto-immune à laquelle il serait associée.
Qu’est-ce que le virus Epstein-Barr ?
Le virus d’Epstein-Barr est très répandu puisque plus de 90 % de la population humaine le rencontrerait dans sa vie. Dans la majorité des cas, les personnes qui le contractent ne le savent pas, puisque dans la quasi-totalité des cas, le virus reste silencieux pendant des années, voire pendant toute la vie. Il arrive cependant que ce virus pose des problèmes très passagers lors de l’infection et cause des infections respiratoires, ou déclenche une mononucléose infectieuse. Chez certaines personnes cependant, le virus peut être associé au développement d’autres pathologies plus graves comme le développement de la sclérose en plaques ou d’un cancer (étude de 2017).
Qu’est-ce que la sclérose en plaques ?
La sclérose en plaques est une maladie auto-immune qui affecte le système nerveux central. Comme dans toutes les maladies auto-immunes, le système de défense censé protégé la personne d’agressions extérieures, se retourne contre ses propres cellules qu’il attaque. Si ce mécanisme est aujourd’hui bien décrit, les raisons en sont encore mal connues.
Dans le cadre de la sclérose en plaques, les mécanismes auto-immuns en jeu attaquent la gaine de myéline qui entoure les axones (prolongement de la cellule nerveuse qui permet à un neurone de communiquer avec sa cellule cible) dans le système nerveux central. Souvent comparée à une gaine couvrant un fil électrique, la myéline est une membrane grasse qui isole et protège les fibres nerveuses. Cette attaque de la gaine de myéline provoque de très nombreux troubles moteurs, sensitifs, cognitifs visuels ou intestinaux.
Que dit cette étude des scientifiques de Harvard ?
Dans la revue Sciences, les scientifiques de l’université de Harvard établissent un lien entre le virus Epstein-Barr et la sclérose en plaques. Ils exposent leurs résultats dans une étude scientifique intitulée "Une analyse longitudinale révèle une forte prévalence du virus Epstein-Barr associé à la sclérose en plaques".
Ce résultat se fonde sur l’analyse des données médicales de dix millions de soldats de l’armée américaine, pendant 20 ans (de 1993 à 2013). L’analyse du sérum a permis de mettre en évidence la séropositivité au virus Epstein-Barr pour les 800 des 801 personnes souffrant de la sclérose en plaques.
Le travail de ces scientifiques pour le virus Epstein-Barr a également été effectué pour 200 autres virus pathogènes pour l’homme. Pour ces derniers en revanche, les recherches n’ont rien donné puisqu’il n’a pas été possible d’établir un quelconque lien entre l’un d’eux et la sclérose en plaques.
Si le lien entre le virus et la pathologie auto-immune semble établi, une autre étude de la revue Sciences apporte quelques précisions. En effet, les chercheurs Williams H. Robinson et Laurence Steinman écrivent que « l’infection à Epstein-Barr semble nécessaire, mais pas suffisante pour déclencher la maladie ». En d’autres termes, si ce virus peut-être un élément déclencheur, d’autres facteurs sont certainement impliqués dans le développement de la sclérose en plaques.
Ce n’est pas la première fois que le virus Epstein-Barr est associé à la survenue d’une pathologie grave. Déjà en février 2017, une équipe franco-allemande de chercheurs en microbiologie et maladies infectieuses avait fait paraître les résultats d'une étude dans laquelle ils décrivaient un mécanisme biologique qui serait à l’origine de la transformation cancéreuse des cellules par le virus d’Epstein-Barr.
Il est bien évident que ce virus, qui touche quasiment toute la population, ne fait pas des cancers ou des scléroses en plaques chez toutes les personnes infectées, mais affecterait principalement des personnes chez qui la maladie est réactivée.
Lors de la parution de cette étude, les chercheurs évoquaient une possible stratégie vaccinale sur la base de particules virales rendues inoffensives. Le 5 janvier 2022, le géant pharmaceutique Moderna a annoncé travailler sur un vaccin à ARN contre le virus Epstein-Barr et prévoit de recruter 270 personnes pour lancer un premier essai clinique de phase 1.
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