Tabac : fumer un paquet par jour entraînerait 150 mutations des cellules pulmonaires par an
Alors que le "Moi(s) sans tabac" vient de commencer, une nouvelle étude met en avant des méfaits de la cigarette jusque-là inconnus. D'après les travaux des chercheurs du Wellcome Trust Sanger Institute (Royaume-Uni) parus ce vendredi 4 dans la revue Science, fumer un paquet par jour entraînerait, entre autres, l'apparition d'en moyenne 150 mutations par an dans chaque cellule pulmonaire.
Pour élucider le processus, les chercheurs ont analysé les différentes altérations génétiques épigénétiques (non codées dans l’ADN) présentes dans des génomes de tumeurs. Ils ont étudié quelque 5.243 génomes représentant treize localisations de cancers potentiellement favorisés par le tabagisme et ont comparé les atteintes de l'ADN dans les tumeurs diagnostiquées chez les fumeurs et les non-fumeurs. Sans surprise, les premiers sont sujets à un taux bien plus élevé de mutations dans les tumeurs, ont remarqué les scientifiques, identifiant au passage plusieurs signatures associées au tabac. L'une était notamment présente en grande quantité chez la plupart des fumeurs présentant un adénocarcinome bronchique (le seul type de cancers du poumon qui existe également chez des non-fumeurs) ou un cancer du larynx.
Enfin, grâce aux données relatives aux habitudes des patients fumeurs, les chercheurs ont pu calculer le nombre de mutations induites par le tabac pour chaque type de tumeur. Conclusion: un individu fumant un parquet par jour accumule tous les ans 150 mutations sur ses cellules pulmonaires par an, 97 sur celles du larynx, 39 dans celles du pharynx, 23 dans la cavité buccale, 18 dans la vessie et 6 dans le foie.
" Cette étude nous montre que regarder dans l’ADN des tumeurs peut amener de nouvelles pistes pour élucider la façon dont elles se développent, et potentiellement trouver des moyens de les prévenir", se félicite Mike Stratton, l'un des auteurs de l’étude dans un communiqué de presse.
"Jusqu’à présent, le séquençage des tumeurs a été utilisé principalement pour les décrire. Ce qui est original dans ce travail, c’est de recourir à ces techniques pour comprendre la cancérogenèse", commente quant à lui le professeur Christophe Le Tourneau de l'Insitut Curie cité par Le Monde, notant toutefois que les chercheurs de cette étude n'ont pas pris en compte certains facteurs tels que le défaut de réparation de l’ADN, l'échappement à l’immunosurveillance ou encore le développement de l’angiogenèse."Des mutations surviennent en permanence dans nos cellules, y compris en l’absence de facteur de risque, mais on peut imaginer qu’avec le niveau décrit ici, notamment pour les cellules bronchiques, les systèmes de régulation sont débordés", conclut-il.
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