Une association dénonce les effets dévastateurs de l'Androcur, médicament de Bayer
Luttant contre les ravages du médicament Androcur, l'association Amavea a porté plainte contre X pour "administration de substance nuisible, atteinte involontaire à l’intégrité de la personne, mise en danger de la vie d’autrui, non-signalement d’effet indésirable et tromperie aggravée". Retour sur un énième scandale sanitaire signé Bayer, qui met en lumière un manque d'intérêt pour les patients et une santé publique défaillante.
Commercialisé depuis 1980, l'Androcur est prescrit aux femmes lorsqu'elles ont besoin de limiter les effets des hormones mâles, initialement en cas de pilosité excessive. Mais pas que : contraception, acné, endométriose, transgenrisme, sont autant d'utilisations possibles, aujourd'hui majoritaires.
Une enquête de Radio France, revenant sur une information du Monde, souligne que cette prescription à outrance s'est faite alors même que de graves effets secondaires du médicament étaient connus. Bien que très efficace, il est aussi créateur de méningiomes, des tumeurs au niveau des méninges. L'association qui a porté plainte déplore des dizaines de femmes touchées : "Ce méningiome m’avait rendue hémiplégique du côté droit. J'avais perdu la parole.", raconte l'une d'elles, en cours de guérison.
Le comble, c'est que les surrisques de ce médicament sont reconnus par le laboratoire lui-même depuis 2004. Mais, c'est seulement trois ans plus tard que Bayer alerte l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) pour demander une modification de la notice de l’Androcur, comme le rapporte France Info. Et ladite notice ne sera modifiée par l'agence qu'en 2011.
En 2018, une étude menée conjontement par la Caisse nationale d’assurance maladie et l'ANSM prouve finalement le lien entre la prise d'Androcur et les méningiomes. En juin 2019, une lettre d'information sur les risques est envoyée à 40 000 médecins et 70 000 patients, mais pas aux femmes à qui le médicament est déjà prescrit. Beaucoup d'entre elles continueront donc les prises pendant des années, avant d'apprendre la faille... "Je me suis tournée ensuite vers mon médecin, qui semblait ignorer cette information. Il a continué à me prescrire de l’Androcur après m’avoir fait signer une attestation, stipulant qu’il m’avait bien informée du risque de méningiome. Mais je n'ai pas le souvenir qu’il me l'ait expliqué très clairement", témoigne l'une d'elle auprès d'Amavea.
Aujourd'hui, les prescriptions d'Androcur ont largement diminué, mais souvent, le mal est fait. "C'est quelque chose qui grossit et qui diminue lentement. Et cette décroissance n'est pas systématique. Elle se produit chez un certain nombre de patients, et pas chez d’autres.", explique le professeur Johan Pallud, chef du service neurologie de l’hôpital Sainte-Anne, en parlant du méningiome. L'association considère qu'on est qu'au début de la vague des plaintes.
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