Une épidémie de troubles du comportement alimentaire renforcée par les réseaux sociaux et le confinement
Quelques mois après le confinement, les cas de troubles du comportement alimentaire (TCA) ont fortement augmenté dans les centres de santé. Ils seraient liés à cette mesure gouvernementale et au temps accru passé sur les réseaux sociaux, qui véhiculent des stéréotypes liés à l'image du corps.
En France, on estime aujourd'hui qu'un million de personnes souffrent d'anorexie mentale, de boulimie ou d'hyperphagie boulimique, qui sont les trois principaux troubles du comportement alimentaire. Selon les chiffres de l’assurance maladie, entre 0,9 et 1,5 % des femmes et 0,2 à 0,3 % des hommes seraient concernés. Selon Valentin Flaudias, maître de conférences en psychologie clinique à l'Université de Nantes, 50% de ces personnes ne se font pas diagnostiquer.
Une corrélation directe entre l’augmentation des cas et la crise sanitaire
D’après le docteur Jean-François Viaud, responsable de l’unité des troubles du comportement alimentaire au CHU de Bordeaux, six mois après le premier confinement, l’augmentation de ce type de maladie a pu être clairement constaté à l’hôpital. Alors que les TCA sont souvent déjà apparents au bout de trois mois, les parents ne commencent à s'inquiéter que six mois après le début de la maladie chez leurs enfants. Pendant le confinement, de nombreux jeunes ont voulu commencer un régime car ils craignaient de prendre du poids avec l’enfermement, la perte d'activité, et l'altération de leurs habitudes. Sans accompagnement médical, et au contraire, en suivant les “accompagnements” et “conseils” donnés par des influenceurs sans connaissances médicales sur les réseaux sociaux, les cas de TCA augmentent.
Les réseaux sociaux, terrain de développement des problèmes de confiance en soi et d’image
Derrière le hashtag #whatIeatinaday (« ce que je mange en une journée »), on retrouve d’innombrables images qui incitent à la maigreur, et qui se diffusent sur les réseaux sociaux au sein du public jeune, qui manque d'éducation alimentaire. Les publications propagent non seulement des pratiques d’alimentation peu saines, mais aussi des images du corps manipulées ou avec des filtres, qui ne correspondent pas à la réalité, ni à des corps en bonne santé. Parallèlement à l'augmentation des troubles alimentaires, les consultations pour des interventions esthétiques ont suivi la même tendance. Selon le docteur Shadi Kourosh, les utilisateurs, poussés à se regarder plus souvent à travers un filtre qui masque les imperfections de manière pendant le confinement, ont subi une altération de l’acceptation de la véritable image de soi. Cela a généré une anxiété accrue au sujet de l’apparence chez de nombreuses personnes. Les visages de plus en plus photoshopés des influenceurs ont été des vecteurs de “dysmorphie”, un trouble de la vision de soi.
Il est nécessaire de se distancier de l’image véhiculée sur les réseaux sociaux
Le psychologue Valentin Flaudias encourage ses patients atteints de TCA à prendre du recul par rapport aux réseaux sociaux. Pour cela, il faut réaliser une auto-évaluation de la manière dont la personne exposée utilise les réseaux sociaux, pour cerner leurs effets : quels comptes sont suivis par plaisir, quels comptes sont suivis machinalement ? Combien de temps est dédié aux réseaux sociaux chaque jour ? Est-il possible de réduire ce temps ? En limitant le temps passé sur ces plateformes, la personne qui aurait tendance à consulter du contenu peu favorable à sa santé mentale ne sera pas enfermée dans un circuit qui, à cause des algorithmes, pourrait renforcer les contenus et tendances nocives.
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