Distanciation sociale : Le poisson zèbre aide à comprendre les effets du confinement sur le cerveau humain
Chaque personne réagit différemment au confinement et à l’épidémie de coronavirus: certains n’étaient pas très sociables, et se sont bien adaptés au confinement; d’autres étaient très sociables avant le confinement, et attendent avec impatience de pouvoir retrouver leurs groupes d’amis et les réunions nombreuses. Dans tous les cas, il est clair que la limitation des interactions sociales a un impact; mais est-il possible de mesurer biologiquement cet impact sur le cerveau? Une étude publiée le 2 décembre dans la revue Nature montre comment l’environnement social des poissons zèbres peut avoir un impact sur leur cerveau. Une hormone fonctionne comme un thermomètre qui mesure la présence d'autres poissons dans l'environnement immédiat. Elle est au cœur des recherches qui expliquent comment des altérations dramatiques de l'environnement peuvent impacter le cerveau.
Un «thermomètre» environnemental dans le cerveau qui influence l’instinct de survie
Ce sont des recherches sur des souris qui ont permis de mettre en évidence l’existence de l’horloge biologique dans nos cerveaux. C’est maintenant au tour du poisson zèbre de nous aider à comprendre le cerveau humain. Une équipe internationale dirigée par Erin Schuman de l’Institut Max Planck pour la recherche sur le cerveau a étudié le poisson zèbre pour expliquer comment leur cerveau peut «ressentir» la présence des autres et évaluer la densité de cette présence. Ils ont découvert que cela peut avoir des conséquences sur la gestion de leur ressources et leur instinct de survie.
Même si le poisson zèbre peut sembler très éloigné de l’Homme à première vue, cette espèce a une équivalence génétique avec l’Homme comprise entre 70 et 85%. Grâce à cette particularité, il est très utilisé dans le recherche médicale, et de nombreuses maladies humaines peuvent être étudiées sur le poisson zèbre. En outre, ce poisson est transparent dans les premiers stades de son développement, et peut être rendu transparent à l’âge adulte via une mutation génétique, ce qui rend son étude plus aisée.
L’isolement affecte le cerveau des poissons zèbres
La neurobiologiste Erin Schuman, cheffe de l'équipe de recherche de l’Institut Max Planck, explique que lorsque le poisson zèbre se retrouve isolé, le neuropeptide Pth2, véritable «thermomètre», social disparait de son cerveau cerveau. À l'inverse, lorsque d'autres poissons sont ajoutés à son aquarium, le taux de cette hormone augmente rapidement, comme le mercure montant sur un thermomètre.
Intéressés par cette découverte, les scientifiques ont tenté de vérifier si les effets négatifs de l'isolement pouvaient être modifiés en plaçant un poisson auparavant isolé dans un cadre social. L’hypothèse s’est vérifiée, après seulement 30 minutes de natation avec ses proches. Il est donc possible d'inverser les effets négatifs de l'isolement.
L’homme présente-t-il lui aussi une hormone “thermomètre social”?
Les poissons zèbres détectent la présence de leurs congénères non pas grâce à la vue ou à l’odorat, mais grâce à la perception des mouvements mécaniques de l’eau, créés par les autres poissons. Les scientifiques ont donc pu simuler la présence d’autres poissons, en créant des mouvements dans l’eau, ce qui a relancé la sécrétion de la fameuse hormone.
Chez l’homme, impossible de ressentir la présence des autres grâce aux mouvements de l’eau. En revanche, le toucher est très important pour la psychologie humaine. L’existence d’une telle hormone “thermomètre social” chez l’homme reste encore à prouver. Mais si elle existe, elle pourrait expliquer pourquoi la présence ou l'absence de compagnie humaine peut avoir un impact sur la santé humaine. De nombreuses autres études ont montré que le nombre et la qualité des liens sociaux sont étroitement liés à la durée de vie des individus. La recherche neurologique pourra un jour, comme pour les poissons zèbres, expliquer ces mécanismes, pour lutter contre les effets sur la santé de la privation d'interactions sociales.
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