Le métaverse sera-t-il le terrain idéal pour le développement du terrorisme ?
Depuis les annonces de Meta (anciennement Facebook) concernant le métaverse, les experts des médias et du numérique se sont déjà lancés dans l’analyse de ce que cette nouvelle plateforme va représenter pour l'humanité. Ils ont identifié non seulement de possibles troubles pour la santé mentale, mais aussi des changements importants dans la manière de faire passer des messages, et de les recevoir. À l'Université du Nebraska, une équipe de chercheurs a combiné les connaissances en sciences de l’information, psychologie et sciences politiques pour analyser les risques qu’une telle plateforme pourrait avoir sur l’évolution et la propagation du terrorisme.
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Grâce à la réalité virtuelle, l'utilisateur pourra vivre des expériences intenses, ce qui le rendra plus vulnérable
Dans le métaverse, l’utilisateur peut se déplacer plus ou moins librement d'un environnement virtuel à un autre, soit en réalité augmentée, soit en mélangeant la réalité virtuelle et les personnes et objets du monde physique. Alors que l’immersion a été déjà testée par des ONG pour des campagnes de "crowdfunding" et de sensibilisation au sujet des crises humanitaires, en faisant appel à la composante émotionnelle de la réalité augmentée, ce côté émotionnel peut devenir dangereux selon le message que l’émetteur veut véhiculer. Selon les experts, "les choses qui sont chères aux gens deviennent des vulnérabilités qui peuvent être exploitées par ceux qui cherchent à causer du tort. Les personnes ayant des intentions malveillantes ont déjà repéré le métaverse comme un outil potentiel dans leur arsenal."
Le métaverse pourrait devenir un nouveau domaine d'activité terroriste
Ces chercheurs spécialisés dans l’étude du terrorisme au National Counterterrorism Innovation, Technology, and Education Center à Omaha, tirent la sonnette d’alarme concernant les dangers du métaverse, qui pourrait être massivement utilisé par des terroristes pour exercer une influence, notamment par la peur, la menace et la coercition afin de recruter de nouveaux adeptes et coordonner des actions. Les chercheurs imaginent, par exemple, un métaverse dans lequel Ben Laden ressuscité pourrait rencontrer des partisans potentiels dans une salle de conférence virtuelle, véhiculant des messages passionnés ou en accompagnant des candidats dans un camp d'entraînement, guidant les recrutés à travers des itinéraires menant à des objectifs clés. Des attaques dans le monde virtuel pourraient aussi avoir lieu. "Un service commémoratif du 11 septembre créé et hébergé dans le domaine virtuel serait une cible tentante pour les extrémistes violents qui pourraient reconstituer la chute des tours jumelles.", peut-on lire dans un article. En fait, tout est possible.
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Ces actes auraient un impact psychologique et entraîneraient des dommages dans le monde réel
Les espaces virtuels, qui seront conçus avec soin à l’image des espaces physiques, porteront une charge émotionnelle logique qui sera attribuée par les personnes qui investissent temps et de la créativité dans ces réalités parallèles. De plus, à mesure que la technologie devient plus petite et plus intégrée à la vie quotidienne des gens, la capacité de simplement désactiver le métaverse et d'ignorer ces mauvaises influences pourrait devenir plus complexe. Selon les chercheurs, tout le monde doit être prêt à cette nouvelle réalité, et les gouvernements devraient l’anticiper pour débattre du rôle qu’auront les plateformes sociales dans la modération de ce type de contenu dangereux. Il faudra tenir compte du fait que l'expérience actuelle montre au contraire que des acteurs comme Méta tirent profit de la haine et de la division véhiculées sur leurs plateformes.
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