Le "métavers" du nouveau Facebook, nouvel ennemi de la santé mentale ?

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FranceSoir
Publié le 15 janvier 2022 - 11:37
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Perdrons-nous la capacité à différencier notre avatar de nous-même ?
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Alors que les réseaux sociaux et les jeux en ligne ont déjà été identifiés par les experts comme un danger potentiel pour les publics les plus vulnérables, dont les jeunes, les marques commencent à développer leurs mondes virtuels immersifs pour multiplier les plateformes. Les spécialistes de la santé mentale tirent la sonnette d’alarme au sujet de ces mondes virtuels dans lesquels les avatars des utilisateurs seront capables d’acheter, de socialiser, de voyager, de découvrir des univers et même de travailler. Une vie parallèle, mais irréelle.

Le "métavers" pourrait devenir la nouvelle réalité

Disney n’aura bientôt plus à faire appel à des comédiens déguisés en Mickey, Dingo, ou autres, car les avatars de ces personnages pourront évoluer dans des mondes virtuels, et même intervenir dans le monde réel, projetés en 3D, sans besoin d’équipement pour interagir avec les humains. Avec ces technologies, le monde réel pourrait, à court terme, se confondre avec le monde virtuel, affectant notre perception du monde qui nous entoure. Pour Peter Etchells, professeur de psychologie et de communication scientifique à la Bath Spa University, cité par le journal américan WSJ, on peut s’attendre à être inévitablement « aspirés » dans un monde virtuel où nous allons avoir envie de passer plus de temps que dans le monde réel. Pour cette technologie qui se développe à toute vitesse, une réflexion profonde est indispensable, car ces "avancées" pourraient mal tourner et servir à des initiatives nuisibles et dangereuses pour les utilisateurs.

Perdrons-nous la capacité à différencier notre avatar de nous-même ?

Pour Gabriel Thorens, médecin adjoint agrégé au service d’addictologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), des répercussions psychologiques pourraient découler des avatars, notamment au sujet de l'image que l’on a de soi-même. Selon Jeremy Bailenson, directeur fondateur du Virtual Human Interaction Lab de l'Université de Stanford, les utilisateurs ont moins de capacité à créer une version précise de soi dans le "métavers" que sur les plateformes de médias sociaux. Des biais et des stéréotypes pousseront à créer des avatars plus beaux et idéalisés. Si les gens commencent à passer de plus en plus de temps dans le "métavers", un monde dans lequel tout le monde semble parfait, beau et idéal, les conséquences pourraient être nombreuses. Gabriel Thorens explique que cela amènerait un renforcement, non seulement des phobies sociales et de l’isolement, mais aussi de la confusion entre l'image de soi-même et avatar ; un véritable trouble de l’identité. Rachel Kowert, directrice de recherche chez Take This, organisation à but non lucratif spécialiste de la santé mentale dans la communauté des jeux vidéo, fait le même constat, et ajoute que les utilisateurs pourraient non seulement préférer être leur avatar, mais aussi préférer l’intégralité de la vie virtuelle, tout simplement meilleure que la vie réelle. Cela pourrait alors avoir un impact négatif sur la capacité à s’engager dans une vie non virtuelle, avec des problèmes psychologiques, « qu'il s'agisse de confiance en soi, d'appartenance ou d'anxiété sociale ». En somme, ce "métavers" pousserait au vice ce que nous observons déjà aujourd'hui avec les différents réseaux sociaux et l'addiction qu'ils font naître.

Le "métavers" va-t-il promouvoir les relations positives, le soutien social, un sommeil sain et l'activité physique, ou va-t-il inhiber ces activités bénéfiques ?

Pour Nick Allen, professeur de psychologie clinique à l’Université de l'Oregon aux États-Unis, si l'utilisation des technologies du "métavers" remplace les comportements hors ligne sains et bénéfiques pour la santé mentale, comme l'exercice physique, l'engagement dans des relations dans la vie réelle, un sommeil sain, ou le temps passé dans la nature, alors il sera nocif pour le bien-être des utilisateurs. Candice Odgers, professeur de sciences psychologiques à l'Université de Californie rappelle que, comme dans le cas d’autres addictions (aux écrans par exemple), le conflit que cette technologie peut créer au sein des familles, peut aller très loin. Pour réduire les conflits et l'anxiété au sein des foyers, il faudra prêter une attention particulière aux dangers potentiels du "métavers", pour mettre en place une régulation protégeant les publics les plus vulnérables.

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