Pourquoi les géants du web se lancent-ils dans le passeport vaccinal numérique ?
Les critiques sont très nombreuses contre le projet d’un passeport vaccinal. On redoute notamment les problèmes de discrimination, et pour l’OMS, le vaccin n’est pas une garantie suffisante pour permettre l’entrée dans un pays à des voyageurs internationaux, car “il y a toujours trop d’inconnues fondamentales en termes d’efficacité des vaccins pour réduire la transmission [du virus] et les vaccins ne sont encore disponibles qu’en quantité limitée”. En parallèle des initiatives de passeport vaccinal nationales et internationales, un projet de passeport vaccinal numérique a également émergé.
Un groupe de sociétés de santé et de technologie font cause commune dans le cadre du projet Vaccination Credential Initiative, pour développer une technologie permettant aux individus d'obtenir une copie numérique cryptée de leurs identifiants de vaccination, pouvant être stockée dans un portefeuille numérique de leur choix, tel que Apple Wallet ou Google Pay.
Alors, quel est l’intérêt d’un tel passeport numérique, et parviendra-t-il à s’imposer?
Microsoft, Salesforce et Oracle, et la Mayo Clinic forment une coalition qui va au delà du registre cryptée des vaccinations. Comme l’indique l’OMS, une vaccination n’est pas suffisante pour permettre à une personne de voyager sans risque de propagation du virus ou de contamination. C’est pour cette raison que la coalition Microsoft, Salesforce et Oracle, et Mayo Clinic, travaille sur le développement de nouvelles normes pour confirmer qu’une personne a été ou non vaccinée contre le virus. Les compagnies aériennes ne veulent pas non plus forcément se baser sur la vaccination pour assurer la sécurité de leurs vols. Un porte-parole de Ryanair a récemment déclaré que «la vaccination ne serait pas une exigence lors de l'utilisation de Ryanair».
La coalition veut donc proposer une technologie qui devrait permettre aux gens «de recommencer à voyager en toute sécurité, ou de retourner au travail, à l'école et à la vie normale, tout en protégeant la confidentialité de leurs données» sans se baser uniquement sur les vaccins .
Ce positionnement est aussi préféré par des millions de personnes qui ne veulent pas se faire vacciner. En effet, différents sondages d’opinion partout dans le monde révèlent une inquiétude importante à propos des effets secondaires potentiels du vaccin. D'autres ne pensent tout simplement pas que se faire vacciner soit nécessaire, et ils préféreraient risquer d'attraper le Covid.
Des passeports numériques non basées sur la vaccination
D’autres pays, pour relancer leur économie, ont lancé des applications “laisser-passer” pour certifier qu’une personne n’est pas contaminée et peut bénéficier de plusieurs services aujourd’hui restreints. La Chine a lancé une application qui montre si qu’une personne ne présente aucun symptôme à son arrivée dans un hôtel ou dans le métro. Au Chili, les citoyens qui se sont rétablis du coronavirus ont reçu des certificats «sans virus». L'Estonie a été l’un des seuls pays européens à mettre en place, en mai 2020, un passeport d'immunité numérique qui attestait officiellement du statut immunitaire des citoyens, dans le cas où ils avaient déjà été contaminés, et présentaient des anticorps.
Un passeport vaccinal numérique de l’OMS ne serait destiné qu'à superviser une distribution plus équitable des vaccins anti-Covid-19
L’OMS a fait appel à la technologie de l’Estonie pour lancer un projet pilote chargé de développer un carnet de vaccination digital qui permet gérer “un accès équitable” au vaccin. Il ne serait pas utilisé pour décider qui peut voyager, assister à un concert ou retourner au bureau en présentiel. Amnesty International estimait que dans les pays pauvres, 9 personnes sur 10 n’auront pas accès aux vaccins du COVID-19 en 2021. Pour cela, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en place un dispositif en partenariat avec des fabricants de vaccins et les Etats, appelé COVAX. Ce dispositif a pour objectif de mettre à la disposition du monde entier les vaccins contre la COVID-19 à la fois pour des pays à haut revenu comme pour des pays à bas revenu.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.