Après les taxis, les chauffeurs de transports collectifs et les VTC dans la rue
Des chauffeurs de transports LOTI (transports collectifs à la demande), secteur étroitement lié aux plateformes de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), devaient manifester ce mercredi 3 février à Paris, estimant avoir été sacrifiés en "gage de paix sociale" aux taxis.
"Ca va être une marche silencieuse, parce que nous sommes en deuil", explique à l'AFP Joseph François, président de l'association Alternative mobilité transport (AMT), à l'origine du mot d'ordre. Elle regroupe une dizaine de sociétés LOTI, soit un millier de salariés.
Un défilé à pied et en voiture, qui pourrait rassembler plusieurs centaines de personnes selon Joseph François, doit partir à 11H00 de la gare Montparnasse en direction des Invalides, une semaine après que le gouvernement, en butte à un énième mouvement de colère des taxis, a annoncé des mesures pour lutter contre l'utilisation détournée des licences LOTI par les plateformes électroniques de réservation de VTC.
Le secrétaire d'Etat aux Transports a envoyé vendredi 29 janvier des mises en demeure à une vingtaine de ces plateformes (Uber, SnapCar, Chauffeur-Privé, etc.) pour leur rappeler que les LOTI s'appliquent au transport collectif et non particulier.
La crainte des LOTI est de ne plus pouvoir du tout utiliser les plateformes, et ces entreprises disent d'ailleurs soutenir leur mouvement.
"On estime à 10.000 à peu près le nombre de personnes, de chauffeurs professionnels qui paient des charges dans des sociétés et qui pour certains emploient des chauffeurs, qui travaillent en France dans le métier du transport de personnes, à qui aujourd'hui on est en train de dire +finalement vous n'avez plus le droit d'utiliser des plateformes numériques+", a relevé mardi 2 Pierre-Dimitri Gore-Coty, directeur général d'Uber pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient.
"Uber en tant que plateforme soutient évidemment cette démarche et toutes les initiatives qui pourraient émerger autour de ces capacitaires qui pour nous n'ont aucune raison de ne plus avoir le droit de travailler", a ajouté Pierre-Dimitri Gore-Coty lors d'un débat sur le numérique à Paris.
"On a informé nos chauffeurs (de la mobilisation) et on leur a dit que ce serait très bien s'ils pouvaient y participer", indique pour sa part à l'AFP Yves Weisselberger, PDG de SnapCar.
Sur le fond du dossier, "à notre sens il n'est pas nécessairement illégal d'utiliser ces chauffeurs", ajoute Yves Weisselberger. SnapCar recourt à "15-20%" de LOTI, mais sur l'ensemble du secteur ce serait plutôt un tiers, confie-t-il.
Ces licences, dans leur application aux VTC, "étaient une zone grise. C'est devenu une zone noire jeudi dernier" avec la mise au point du gouvernement, reconnaît pour sa part Bertrand Altmayer, président de la plateforme Marcel.
En revanche, "il y a beaucoup de chauffeurs qui ont des familles, qui utilisent cette licence et qui vont se voir priver de boulot du jour au lendemain. Il y a toute une économie derrière, loueurs, assureurs, centres de formation, banques", prévient-il.
Les LOTI veulent expliquer "toute l'ampleur que ces mesures vont avoir", renchérit Joseph François. Pour lui, "ce n'est pas en nous livrant sur la place publique comme gage de paix sociale (avec les taxis) que ça va résoudre le problème".
Cette mobilisation se produit alors que l'entrée dans la profession de VTC est de facto suspendue depuis le 1er janvier, faute de texte gouvernemental sur la formation. La manifestation ne fait toutefois pas l'unanimité.
"Toutes les organisations de VTC existantes et connues ne sont pas pour cette marche-là, élaborée par les applications. Elles demandent à des chauffeurs LOTI de manifester en leur nom pour demander au gouvernement de pouvoir travailler dans l'illégalité, ce qui est un comble", déclare ainsi à l'AFP Farid Aïeche, du Syndicat des exploitants du transport de personnes (SETP).
Une méfiance relayée par Helmi Mamlouk, président de l'Union des chauffeurs capacitaires et VTC (Capa-VTC), qui qualifie l'AMT d'"association fantôme" "dont le président est un dirigeant de société ayant 135 chauffeurs Uber". Helmi Mamlouk précise à l'AFP que son organisation, "ainsi que toutes les organisations syndicales de VTC, appellent clairement au boycott de cette fausse manifestation".
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