Lobby pédocriminel (partie 2) - Un mouvement très actif en France
SOCIETE - Un lobby pédocriminel s’organise à l’échelle internationale (voir notre article de la semaine dernière), qui réclame notamment la dépénalisation des rapports sexuels entre majeurs et mineurs, sans considération d’âge. La France n’est pas épargnée, et les militants de la cause pédocriminelle se sont abondamment répandus dans les journaux et sur les plateaux de télévisions français à partir des années 1970.
La majorité sexuelle
En France, la majorité sexuelle est “l’âge à partir duquel un mineur peut valablement consentir à des relations sexuelles (avec ou sans pénétration) avec une personne majeure à condition que cette dernière ne soit pas en position d’autorité à l’égard du mineur” (Conseil constitutionnel, 2012 et 2015). Et depuis 1945, cet âge est fixé à 15 ans, mais étendu à 18 ans si le majeur est une personne ayant autorité sur le mineur. Ce dernier point a évolué sous la présidence d’Emmanuel Macron et fera l’objet d’un prochain article.
Jusqu’en 1980, ce qu’on appelle alors un “attentat à la pudeur” sur un mineur n’ayant pas atteint cet âge de la majorité sexuelle, est considéré comme un crime, qu’il y ait pénétration ou pas. Cela ne fait évidemment pas l’affaire de ceux qui se revendiquent “pédophiles”, c’est-à-dire “amoureux des enfants”.
Des intellectuels, qui ne cachent pas leur goût pour les très jeunes proies, vont donc s’emparer de la scène médiatique pour dénoncer la dureté de la loi et militer auprès de l’intelligentsia française pour faire entendre leur cause. En 1974, René Schérer vient présenter son livre Émile perverti dans l’émission télévisée “Ouvrez les guillemets”, présentée par Bernard Pivot, et il dénonce l’obsession, qu’il espère provisoire, de la famille et de l’Education nationale de “ne pas pervertir l’enfant”. L’année d’après, le même présentateur reçoit, sur le plateau d’“Apostrophes”, Gabriel Matzneff qui vient présenter son essai Les moins de 16 ans, où il critique notamment la loi protégeant les mineurs.
Les pétitions des intellectuels
Le 26 janvier 1977, quelque 70 intellectuels signent une tribune dans le quotidien Le Monde pour exiger la libération de trois individus sur le point d’être jugés pour avoir eu des relations sexuelles “sans violences" avec de jeunes mineurs, et avoir photographié leurs ébats. Les prévenus sont en détention préventive depuis trois ans, et les signataires s’en indignent. Par ailleurs, les pétitionnaires contestent la lourdeur des peines encourues. "Aujourd'hui, ils risquent d'être condamnés à une grave peine de réclusion criminelle, soit pour avoir eu des relations sexuelles avec ces mineurs, garçons et filles, soit pour avoir favorisé et photographié leurs jeux sexuels. Nous considérons qu'il y a une disproportion manifeste entre la qualification de ‘crime’ qui justifie une telle sévérité, et la nature des faits reprochés (…)”, déplorent-ils.
Et de conclure, « Trois ans de prison pour des caresses et des baisers, cela suffit. Nous ne comprendrions pas que le 29 janvier Dejager, Gallien et Burckhardt ne retrouvent pas la liberté ! »
Les accusés seront finalement condamnés à cinq ans de prison avec un sursis.
Trois mois plus tard, le 23 mai 1977, ce sont 80 intellectuels qui, toujours dans Le Monde, signent une "Lettre ouverte à la Commission de révision du code pénal pour la révision de certains textes régissant les rapports entre adultes et mineurs”, demandant la décriminalisation des rapports sexuels entre adultes et mineurs n’ayant pas atteint l’âge de la majorité sexuelle.”
Leurs vœux seront partiellement exaucés avec la loi du 23 décembre 1980 qui définit le viol pour la première fois. Constitue un viol « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte ou surprise », et c’est un crime. Mais, a contrario, les autres formes “d’attentat à la pudeur”, ne comportant pas de pénétration, deviennent des “agressions sexuelles” qui ne sont plus considérées que comme des délits et font encourir des peines de prison moins lourdes.
"Libérer" les enfants
Reste, pour les “amoureux des enfants”, cette ennuyeuse “majorité sexuelle” qui empêche les pédophiles de se prévaloir du “consentement” de leurs jeunes victimes. La contrainte ou la surprise est présumée par la loi, du fait du jeune âge de leurs “partenaires sexuels”, et même si on ne risque plus systématiquement une peine criminelle, on risque encore de la prison, même pour une simple agression sexuelle.
Le lobby pédocriminel français s’attaque donc à la majorité sexuelle en prétendant plaider pour… la cause des enfants. “Libérer les enfants” est leur nouveau mantra. Ils sont donc nombreux à affirmer, comme le pédocriminel multirécidiviste Jacques Dugué, dans une lettre adressée à son juge d’instruction et publiée dans Libération le 21 janvier 1979, que "les enfants aiment ça. Ils font comme tout le monde”. Ce n’est pas l’avis d’une victime de Dugué, qui déclare à la police que la sodomie lui a fait “très mal”.
Guy Hocquenghem, René Schérer, Gabriel Matzneff, Daniel Cohn-Bendit, Roger Peyrefitte… y vont de leur couplet sur la sexualité des enfants ou relatent leurs “amours” interdites avec des mineurs.
Les psychiatres, qui expliquent que le développement sexuel et l’accès progressif à la sexualité des enfants doivent se faire sans interférences des adultes, sont accusés de nuire aux mineurs. Michel Foucault les brocarde en les accusant de vouloir “protéger l’enfant de ses propres désirs”, au nom de connaissances scientifiques que l’écrivain conteste. L’avocat Jean Danet critique l’intervention des psychiatres dans les tribunaux. “Ce qui se prépare avec l'intervention des psychiatres au tribunal, c'est une manipulation du consentement des soi-disantes victimes, c'est une manipulation du consentement des enfants, c'est une manipulation de leur parole », affirme-t-il, dans le numéro 37 de la revue Recherche, publié en avril 1979 sous le titre évocateur : “Fous d’enfance”.
Bertrand Boulin publie, en 1977, avec la collaboration de plusieurs prosélytes de la pédophilie, La Charte des enfants. Les auteurs dénoncent le joug toxique que constituent les familles qui brident la sexualité de leurs enfants et, dans un mélange de revendications, demande notamment la suppression de la notion “d’enfant en danger” et l’abrogation de la loi sur le détournement de mineur.
Les revendications des prosélytes pédocriminels ont peiné à influencer le législateur et quelques militants pour la libération sexuelle des enfants, tels Jack Lang ou Daniel Cohn-Bendit, ont fait amende honorable au XXIe siècle.
Le lobby pédocriminel français n’en est pas moins resté actif jusqu’à aujourd’hui, pour faire reculer la protection des enfants contre les prédateurs sexuels. Nous verrons plus en détails comment il s’est organisé et comment s’est fait sentir son influence.
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