Alstom à Belfort : le sort de l'usine encore incertain

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 30 septembre 2016 - 11:34
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Une manifestation à Belfort.
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L'exécutif a promis une solution "dans les prochains jours".
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Depuis trois semaines, le sort de l'usine d'Alstom à Belfort fait l'objet d'un bras de fer entre l'entreprise et le gouvernement. Pour le moment, rien ne laisse présager une sortie de crise avant le prochain comité de groupe européen d'Alstom, prévu mardi matin au siège du groupe à Saint-Ouen.

Le sort de l'usine d'Alstom à Belfort, objet d'un bras de fer entre l'entreprise et le gouvernement depuis trois semaines, n'est toujours pas tranché, l'exécutif promettant une solution "dans les prochains jours", après avoir fait miroiter un dénouement rapide. Depuis que François Hollande en a fait un "objectif", le sauvetage de l'usine de locomotives de Belfort vire au casse-tête pour le gouvernement.

Au-delà des 400 emplois menacés, le transfert d'ici deux ans de la production de ce site historique vers Reichshoffen (Bas-Rhin), annoncé le 7 septembre par Alstom, est devenu l'emblème de l'impuissance de l'Etat face à la désindustrialisation de l'Hexagone. "Tout sera fait" pour l'empêcher, a promis M. Hollande, qui ne peut se permettre pareil déraillement à sept mois de l'élection présidentielle. "Nous présenterons des solutions dans les prochains jours. L'activité ferroviaire à Belfort sera maintenue comme nous nous y sommes engagés", a affirmé jeudi le Premier ministre Manuel Valls au Sénat.

Une semaine plus tôt, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, avait déjà promis des solutions "dans les jours qui viennent". La semaine précédente, le secrétaire d'Etat à l'Industrie, Christophe Sirugue, s'était donné "dix jours pour apporter des réponses", selon les syndicats qu'il avait rencontrés le 13 septembre. Signe de la difficulté de la tâche, une nouvelle réunion "initialement prévue le 30 septembre à Bercy a été reportée" sine die, a rapporté jeudi le syndicat FO Alstom. Rien ne laisse présager une sortie de crise avant le prochain comité de groupe européen d'Alstom, prévu mardi matin au siège du groupe à Saint-Ouen.

Deux comités centraux d'entreprise, tenus en début de semaine, ont déjà permis de constater l'absence de progrès dans le dossier Belfort. A tel point que les syndicats ont activé leur droit d'alerte mardi et demandé une expertise économique sur la situation d'Alstom en France. Auditionné dans la foulée à l'Assemblée, le PDG du groupe, Henri Poupart-Lafarge a déclaré qu'il ne voyait "pas d'issue structurelle" jusqu'à tout récemment pour le site de Belfort, victime d'une pénurie chronique de commandes publiques dans l'Hexagone.

En coulisses, pourtant, le gouvernement active tous les leviers à sa disposition. Ainsi, après son passage devant les députés, M. Poupart-Lafarge a été reçu à l'Elysée, en compagnie de Martin Bouygues. Le patron du groupe de BTP du même nom possède en effet 20% du capital d'Alstom, dont il a prêté les droits de vote à l'Etat jusqu'à octobre 2017 dans l'espoir de lui vendre ses parts à bon prix.

D'autres pressions moins amicales sont exercées sur la SNCF, priée de commander au plus vite six TGV pour la ligne Paris-Turin-Milan. Un contrat qui assurerait quelques mois de travail à l'usine de Belfort, mais aussi une dépense de l'ordre de 200 millions d'euros pour la compagnie ferroviaire, qui espérait faire baisser le prix de 10%, avant l'intervention du secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies. La marge de manoeuvre de l'exécutif est plus limitée pour d'autres marchés soumis à appel d'offres, notamment le mégacontrat du RER "nouvelle génération" en Ile-de-France, que la SNCF doit attribuer d'ici la fin de l'année.

Dans la stratégie du gouvernement, l'entreprise publique sera de toute façon mise à contribution via le projet "TGV du futur". La SNCF et Alstom doivent en effet concevoir ensemble la 5e génération de trains à grande vitesse d'ici fin 2017, ce qui ne préjuge pas à ce stade de commandes futures. "Il est indispensable de maintenir les compétences et le savoir-faire de notre industrie ferroviaire, afin de pouvoir bénéficier de la reprise des commandes quand elles viendront", a expliqué M. Valls jeudi.

Faute de pouvoir garantir une production suffisante pendant ce "creux de charge" censé durer quelques années, le Premier ministre entend "engage(r) Alstom à faire les investissements nécessaires" pour diversifier l'activité à Belfort. Mais le constructeur ne cache pas son scepticisme: moderniser l'usine franc-comtoise ne remplira pas le carnet de commandes. "Il y a cette absence de perspective à Belfort, regardons à consolider Reichshoffen en lui donnant des perspectives multiples", a déclaré M. Poupart-Lafarge aux députés. Comme si rien ne pouvait le faire dévier de sa voie.

 

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