Croissance française 2017 : un chiffre correct, mais probablement pas "d'effet Macron"
C'est une nouvelle donnée positive macroéconomique qu'a publiée l'Insee lundi 29: la croissance française pour 2017 s'établit à 1,9%, le plus haut niveau depuis six ans. Est-ce que, comme le déclarait Emmanuel Macron France is back ? Et surtout, le nouveau locataire de l'Elysée y est-il pour quelque chose?
Côté pile, même s'il est difficile de tirer un lien direct (les plus anciennes mesures devenues effectives ayant moins de six mois), force est de reconnaître que la croissance s'est accélérée depuis l'élection présidentielle. La hausse du PIB au quatrième trimestre (après l'adoption des ordonnances modifiant le droit du travail) s'est ainsi établie à 0,6%. Soit un rythme supérieur au reste de l'année (elle n'a été que de 0,3% au premier trimestre). De plus, Emmanuel Macron lui-même anticipait lors de sa campagne victorieuse un chiffre de 1,4%, alors que, généralement, le discours politique se trouve toujours trop optimiste lorsqu'il faut définir une prévision, au risque souvent de se fracasser contre la réalité au moment du projet de loi de finances.
Mais, côté face, si ce chiffre reste une donnée positive indéniable, comme le serait une baisse du chômage, la performance reste à relativiser. Et surtout à ne pas mettre au crédit de l'action gouvernementale. Si la France affiche 1,9%, le chiffre moyen dans la zone euro (dont la France fait bien entendu partie), elle est à 2,5% (meilleure performance depuis 2007) selon Eurostat. Certes, le chiffre au quatrième trimestre est de 0,6%, la France revient donc dans la roue de la moyenne européenne, mais sans la dépasser. Et en payant donc son faible début d'année 2017.
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Et la tendance mondiale étant à la reprise, la France affiche même une performance plutôt moyenne par rapport aux Etats-Unis (2,6%) ou à l'Allemagne (2,2%), ne dépassant que d'un cheveu le Royaume-Uni (1,8%) où le Brexit est censé faire fuir les investisseurs… qui ne viennent pas forcément en France pour autant.
Reste enfin le point noir du chômage qui, lui, a connu une baisse très médiocre, le nombre de personne sans emploi inscrites à Pôle emploi n'a baissé que de 0,5% (15.700 personnes). A titre de comparaison, ils étaient 100.000 de moins en 2016 (-3%) année de croissance faible (+1,2%). Autrement dit la croissance dont on se félicite est à la fois à relativiser à l'échelle européenne et mondiale et peu impactant sur le front de l'emploi. Un chiffre qui ressemble donc à une bonne conjonction de reprise mondiale et de gains de productivité, plus qu'aux résultats d'une action publique qui serait étonnamment efficace. Pour 2018 peut-être?
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