Fiasco à Autolib : pourquoi les contribuables pourraient payer la dette de Bolloré ?
A son lancement, ce devait être une première mondiale qui allierait rentabilité financière et respect de l'environnement. A l'arrivée, c'est un nouveau scandale d'argent public qui se dessine pour Paris et pour Anne Hidalgo qui peine déjà à sortir la tête de l'eau après le fiasco Velib/Smovengo.
Autolib, le service de voitures "propres" en libre service, lancé en 2011 et géré par le groupe Bolloré empile les déficits avec une dette cumulée de 293,6 millions d'euros depuis le lancement du service. Et l'entreprise a décidé d'activer un accord du contrat signé pour faire éponger une partie de la dette par le contribuable francilien.
Lors de la négociation en effet, une clause de l'accord entre la collectivité et l'entreprise prévoyait que Bolloré installe à sa charge (mais a en touchant tout de même une subvention) les structures Autolib, gère le service et assume les pertes éventuelles, mais uniquement jusqu'à 60 millions d'euros de déficit. Au-delà, l'entreprise peut exiger que la collectivité prenne en charge la douloureuse. En 2016, alors que le déficit cumulé atteignait 180 millions, Bolloré s'était déjà manifesté, mais l'affaire était retombée. Deux ans et 120 millions de dettes (!) plus tard, l'entreprise exige l'activation de cette clause. Concrètement –comme le révèle Le Monde– elle demande au 98 communes du syndicat mixte SAVM (syndicat Autolib' Vélib'Métropole) de lui verser 40 millions d'euros par an jusqu'en 2023, date de fin du contrat de délégation de service public. Autolib qui ne devait rien coûter au contribuable (Bolloré attendait même dans le business plan originel tirer 56 millions d'euros de bénéfices à la fin de la délégation de service public), risque maintenant de coûter très cher.
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Comment Autolib, qui fonctionne d'ailleurs correctement sur le strict plan technique, a-t-il pu en arriver à un tel désastre? Après un nombre croissant, mais insuffisant, d'abonnés dont le nombre a atteint un pic de 110.000 en 2016, la décrue s'amorce avec seulement 102.000 abonnés fin 2017. Lors du lancement d'Autolib en 2011, les promoteurs n'ont pas estimé les évolutions de la mobilité qui rendrait le service certes utile mais pas indispensable. Il y a six ans et demi en effet, les VTC, les plateformes de covoiturage étaient presque inexistantes, de même que le marché du deux-roues électrique qui offrent aujourd'hui des alternatives facile d'accès à un service Autolib. Autrement dit, la probabilité que la tendance se retourne d'ici 2023 est à peu près inexistante. Ce qui a sans doute convaincu Bolloré de se rappeler au bon souvenir du contrat signé, et que va devoir assumer Anne Hidalgo. Qui donne ainsi à ses futurs adversaires pour l'Hôtel de Ville un peu plus de raisons de contester sa place en 2020.
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